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La monnaie, ou les avatars d’un symbole politique

Coécrit par deux économistes, le livre examine les rivalités naissantes entre les monnaies, cryptées ou non, créées par des communautés humaines aux intérêts divergents.

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Publié le 23 mars 2021 à 06h00, modifié le 23 mars 2021 à 06h01

Temps de Lecture 2 min.

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Livre. L’extension du domaine des cryptomonnaies – ces monnaies dématérialisées dont les transactions sont enregistrées numériquement de façon sécurisée par la technologie blockchain – fait rêver certains à un nouveau monde monétaire où les devises ne seraient plus le monopole des Etats et des banques centrales mais un moyen d’échange démocratisé et partagé par des communautés… ou des entreprises privées. D’où le succès – certes volatil – du bitcoin, désormais accepté par nombre de commerçants en ligne ou la tentation des géants du numérique de battre leur propre monnaie – la libra de Facebook

L’économiste Michel Aglietta – connu comme un des meilleurs théoriciens du domaine (La Monnaie souveraine, avec André Orléan, éd. Odile Jacob, 1998) – et sa collègue Natacha Valla viennent heureusement mettre les points sur les « i » : les monnaies ne sont pas des innovations technologiques, mais des constructions sociales et politiques, reflets des consensus que se forgent, à un moment donné, des collectivités humaines pour pouvoir compter et échanger des produits (ou des services), et en stocker la valeur au-delà du moment de leur consommation. Ce qui veut dire que les monnaies changent en même temps que ces consensus : la monnaie telle que nous la connaissons n’est donc pas figée.

Incertitudes et crises

De ces caractéristiques naissent trois conséquences majeures. Premièrement, la cryptomonnaie n’est que la poursuite du mouvement d’abstraction et de symbolisation croissante des formes de la monnaie depuis sa création : on est passé de l’échange d’objets communs à celui d’objets qui les représentent, puis aux pièces de monnaie, au papier-monnaie, aux lettres de change, aux écritures comptables, d’abord « physiques » puis numérisées et instantanées, sans que sa nature en soit changée. Les cryptomonnaies deviendront donc vraisemblablement une forme de l’émission monétaire des différentes institutions qui en ont la charge aux yeux des communautés humaines. Les banques centrales s’y sont d’ailleurs déjà mises.

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Deuxièmement, l’émergence de nouvelles communautés sociales et politiques peut effectivement faire apparaître de nouvelles monnaies, si ces communautés en viennent à souhaiter « battre monnaie », cryptée ou pas. Il peut donc y avoir concurrence, voire rivalité, entre ces monnaies en fonction du projet qu’elles portent. La question est de savoir de quels poids respectifs pèseront ces communautés concurrentes – selon qu’elles représentent les intérêts d’entreprises privées, ceux de communautés territoriales soucieuses de fonder une économie locale durable et responsable (c’est cette option qui a la préférence des auteurs), mais aussi ceux d’Etats rivalisant pour la domination géopolitique mondiale.

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