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« Abuser, forcer, violer »: la revue « Clio » se penche sur les violences sexuelles du quotidien

La dernière livraison du semestriel consacré à l’histoire des femmes analyse les violences sexuelles depuis l’Antiquité romaine jusqu’au mouvement #metoo.

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Publié le 16 avril 2021 à 06h30

Temps de Lecture 2 min.

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Revue des revues. Si, depuis les années 1980, le viol a été l’objet de nombreuses recherches historiques – à commencer par celles, pionnières, de Georges Vigarello – il n’en va pas de même des violences sexuelles, notamment sur les enfants. Bien que fragmenté et soumis à des débats quant à l’approche méthodologique, ce champ de recherche a connu cependant un essor au milieu des années 1990, marquées par les affaires Dutroux ou celles qui éclatèrent au sein de l’Eglise catholique.

Un essor renforcé ces dernières années par le mouvement #metoo, qui a contribué à faire des violences sexuelles un enjeu politique national et transnational. C’est dans ce contexte d’un renouvellement du regard historiographique que s’inscrit le nouveau numéro Clio. Femme, genre, histoire, coordonné par Didier Lett, Sylvie Steinberg et Fabrice Virgili.

Après s’être intéressée, il y a quelques années, aux viols en temps de guerre (Clio no 39), la revue s’attache aujourd’hui aux violences sexuelles commises dans un cadre intime, quotidien, de l’Antiquité jusqu’au XXIe siècle, avec notamment Elisabeth Elgan, historienne des mouvements sociaux et du féminisme, professeure à l’université de Stockholm, qui revient sur les répercussions législatives immédiates en Suède de #metoo.

« Euphémisation et double sens »

Cette approche transversale permet d’appréhender les mots de la violence sexuelle (« rapter », « connaître charnellement », « prendre sans consentement »…) et leurs évolutions. Un lexique dont l’une des caractéristiques est « d’être marqué par la banalité, d’avoir des contours flous et de jouer sur l’euphémisation et le double sens ». Ainsi que le montre Nephélé Papakonstantinou, de l’université d’Athènes, dans « Le “raptus” saisi par le droit romain ».

Au fil des études, on mesure également, que l’archive judiciaire – bien qu’imparfaite pour quantifier la prévalence des viols et des violences sexuelles – reste un « point d’observation précieux » et passionnant pour saisir la parole des différents acteurs, tout particulièrement celles, rares, des femmes ; pour évaluer ce qui est réprimé ou toléré selon les contextes sociaux et culturels de l’époque.

Dans un cadre qui demeurera, durant des siècles, protecteur de l’honneur masculin, du mariage et de la famille, on découvre aussi les différents recours dont usent les femmes pour mettre fin aux sévices qu’elles endurent et condamner leurs agresseurs. Que ce soient les procédures de plaintes en grossesse étudiées par Mathieu Laflamme, ou les requêtes de séparation d’habitation, de nullité de mariage pour impuissance sexuelle ou de mariage forcé qu’analyse, de son côté, Marion Philip dans une enquête sur les violences conjugales aux XVIIe et XVIIIsiècles. Etant entendu qu’il faudra attendre près de trois siècles avant que le viol conjugal entre dans la jurisprudence française, en 1992.

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