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Liban : la France doit durcir les sanctions

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se rend à Beyrouth, jeudi 6 mai. C’est l’occasion de hausser le ton face à une oligarchie politico-économique qui a fait le choix du pourrissement malgré les multiples crises qui frappent le pays.

Publié le 04 mai 2021 à 10h19, modifié le 04 mai 2021 à 11h33 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Politique, économique, financière et désormais humanitaire, la crise qui frappe le Liban est la plus grave depuis la guerre civile des années 1975-1990. Cette fois, la violence ne provient pas des bombes, mais du déclassement foudroyant qui frappe les six millions d’habitants de l’ancienne « Suisse du Moyen-Orient ».

Dix-huit mois après le début d’une longue et vaine mobilisation populaire contre la confiscation du pouvoir par un cartel de partis communautaires, neuf mois après la tragique explosion du port de Beyrouth, le pays du Cèdre n’est plus que l’ombre de lui-même. Plus de la moitié de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Le Liban, longtemps classé dans la tranche supérieure des Etats à revenus intermédiaires, a rejoint la catégorie des pays pauvres.

Cette catastrophe n’a rien de naturel. Elle résulte d’un système politique en phase terminale, dont l’idéal fondateur, la juste représentation de communautés, s’est réduit à une vulgaire obsession, le partage du gâteau. Le clientélisme a phagocyté l’Etat, paralysant toute action publique. Prisonnier de ces calculs d’épicier, Saad Hariri, désigné premier ministre en octobre 2020, n’a toujours pas formé de gouvernement.

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A l’évidence, l’oligarchie politico-économique fait le choix du pourrissement, elle parie sur la lassitude de l’ami historique, la France. En août, dans la foulée de l’explosion du port de Beyrouth, Emmanuel Macron avait tenté de bousculer l’inertie du système, en donnant à ses barons deux semaines pour former un gouvernement d’experts, déterminés à réformer le pays. Mais ce volontarisme s’est heurté à un régime d’où l’idée d’intérêt collectif a disparu. Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a certes annoncé, jeudi 29 avril, des sanctions à l’encontre de personnalités libanaises « impliquées dans le blocage politique en cours ou dans la corruption », qui prendraient la forme de restrictions à l’accès au territoire français.

Changer de braquet

L’annonce ne précise d’ailleurs ni l’identité des responsables visés ni la nature précise des sanctions, ce qui en limite singulièrement la portée dissuasive, de même que la nationalité française que possèdent certains dirigeants libanais. D’ailleurs, le blocage opposé par la Hongrie de Viktor Orban à des sanctions à l’échelle de l’Union européenne pourrait permettre de contourner les sanctions de Paris et de pénétrer en France via un autre pays de l’espace Schengen.

Si Emmanuel Macron veut demeurer fidèle aux promesses de solidarité solennellement faites aux Libanais, il doit changer de braquet. Cela passe par la publication de la liste des personnes pénalisées et le gel des actifs douteux qu’ils possèdent en France. Des réquisitions du Parquet national financier en faveur de l’ouverture d’une information judiciaire à Paris après les plaintes de deux ONG pour « biens mal acquis » visant Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale du Liban, constitueraient un autre signal.

La venue de M. Le Drian à Beyrouth, jeudi 6 mai, doit aussi être l’occasion de reformuler la feuille de route de l’Elysée. Cessons d’imaginer que les partis libanais accepteront un jour de scier la branche sur laquelle ils sont assis. La communauté internationale doit pousser pour la formation d’un cabinet doté de pouvoirs législatifs exceptionnels, comme le pays en a connu dans les années 1960 et 1970. Seul un exécutif de ce type disposera de l’indépendance suffisante pour passer les réformes indispensables au sauvetage du Liban.

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