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« Le domaine cognitif de la manipulation est devenu un terrain de conflit »

Si elle ne veut pas perdre des batailles, l’OTAN doit prendre en compte un nouveau domaine d’opérations, celui de l’influence par les outils numériques, estime l’ingénieur Hervé Le Guyader, dans une tribune au « Monde », pour qui jouer sur les leviers de la pensée, « c’est contrôler l’individu ».

Publié le 06 mai 2021 à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. L’OTAN distingue aujourd’hui cinq « domaines d’opérations » sur lesquels les hommes s’affrontent. Sur terre depuis qu’ils se tiennent debout, sur mer depuis qu’ils savent naviguer, dans les airs depuis la première guerre mondiale, dans le cyberespace depuis 2016 et, depuis le sommet de Londres de 2019, dans l’espace.

L’hypothèse d’ajouter un sixième domaine, le « domaine cognitif », ou « human mind » en anglais, l’autre langue officielle de l’OTAN, est désormais sur la table. Cette évolution paraît nécessaire, tant la nature des conflits s’est transformée au cours des vingt dernières années, rendant obsolète toute grille de lecture qui ne tiendrait compte que des cinq domaines opérationnels aujourd’hui retenus.

Lire notre entretien : Article réservé à nos abonnés Comment l’OTAN se prépare aux guerres du futur

Ce sixième domaine, celui de l’influence, de la manipulation, est celui qui permet à l’adversaire de faire l’économie d’un affrontement ouvert, toujours coûteux, souvent hasardeux. Pénétrer le domaine cognitif, sans même avoir besoin de l’envahir, jouer sur les leviers qui font émerger la pensée, qui créent de nouveaux réflexes, c’est contrôler l’individu, les communautés auxquelles il appartient, jusqu’à la société tout entière.

S’attaquer à l’individu

L’idée n’est certes pas nouvelle. Le général chinois Sun Tzu (544-496 av. J.-C.) la résumait parfaitement dans L’Art de la guerre : « Soumettre l’ennemi par la force n’est pas le summum de l’art de la guerre, le summum de cet art est de soumettre l’ennemi sans verser une seule goutte de sang. » De même, manipuler la façon dont les êtres humains prennent des décisions, à travers leur perception du monde, les émotions qu’ils ressentent, les sentiments qu’ils éprouvent, c’est bien sûr ce que font, au quotidien, publicitaires et politiciens en temps de paix.

Ce qui est en revanche nouveau, c’est l’utilisation des sciences cognitiques appliquées pour s’attaquer, par des stratégies « sur-mesure de masse », à l’individu en ce qui le définit intimement comme être humain.

La nouveauté, c’est la concrétisation de perspectives ouvertes par le rapport paru en 2003 « Convergence des technologies pour l’amélioration de la performance humaine. NBIC (nano- bio- info-cognitif) », que rendent possibles les progrès exponentiels apportés par l’intelligence artificielle et l’utilisation de données massives. La nouveauté, c’est de pouvoir convoquer en même temps sciences et technologies de l’information et de la communication (STIC) et sciences humaines et sociales (SHS) pour mener ces stratégies de conquête.

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