Tribune. De la réforme de la fonction publique qui sera présentée en conseil des ministres le 26 mai, c’est la suppression de l’ENA qui a retenu toute l’attention. Mais un autre aspect moins débattu mérite d’être porté à la connaissance de nos concitoyens : la suppression des trois corps d’inspection générale interministérielle que sont l’inspection générale de l’administration (IGA), l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’inspection générale des finances (IGF). De ces inspections, plusieurs médias ont véhiculé ces dernières semaines une image erronée, à la fois de leurs membres et du travail qui y est réalisé.
En tant que membres de l’IGAS, nous voulons rectifier cette représentation car les sujets dont nous traitons, santé, protection sociale, travail, emploi, pauvreté ou discriminations, touchent l’ensemble de nos concitoyens. Parmi tant d’autres, deux exemples récents l’illustrent. Le congé de paternité d’abord : c’est sur la base d’un rapport produit par l’IGAS, en 2018, que le gouvernement a décidé l’allongement du congé de paternité, avancée sociétale majeure pour nos concitoyens. Citons aussi l’inspection menée sur une association qui aide de jeunes autistes, dont les conclusions équilibrées ont inspiré le film Hors normes, d’Olivier Nakache et Eric Toledano.
Un fantasme
Notre métier d’inspecteur a comme exigence première d’établir la vérité des faits. Cette vérité, nous voulons aussi la rétablir pour dire qui nous sommes, avec rigueur et précision. Le cliché d’un jeune homme de 25 ans fraîchement sorti de l’ENA, déconnecté des réalités et qui utilise l’inspection comme tremplin vers une carrière dans le privé est un fantasme qui ne résiste pas à l’épreuve des faits. L’IGAS est une inspection plurielle dans son recrutement et sa composition.
Des jeunes de 25 ans fraîchement sortis de l’ENA ? L’âge moyen d’entrée dans le corps de l’IGAS est de 38 ans. Près de la moitié des membres de l’IGAS ne sont pas ce que l’on appelle des « sorties ENA », à savoir des personnes qui ont rejoint l’IGAS juste après avoir fait l’ENA, mais elles l’ont intégrée en cours de carrière (médecins, inspecteurs du travail, pharmaciens, ingénieurs, directeurs d’hôpital…). En outre, parmi les « sorties ENA », la moitié a plusieurs expériences professionnelles préalables à son actif avant de rejoindre l’IGAS. Une inexpérience toute relative donc.
Des hommes ? Les « sorties ENA » qui ont rejoint l’IGAS ces dix dernières années sont majoritairement des femmes (53 %). La parité est une valeur dont nous sommes fiers.
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