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« En supprimant l’ENA on perd le “soft power” qui vient avec »

Le modèle d’organisation de l’Etat français et ses valeurs sont largement diffusés par l’Ecole nationale d’administration (ENA), plus efficacement que pourrait le faire une représentation diplomatique traditionnelle, s’inquiète dans une tribune au « Monde » un ancien élève québécois

Publié le 07 mai 2021 à 05h00 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. La Ve République française est l’un des régimes dont la durée est la plus longue depuis la révolution de 1789, tout juste derrière la IIIe République. On pourrait donc en déduire que la France a enfin trouvé la stabilité en mettant lentement de côté ses accents iconoclastes. Cela est toutefois un trompe-l’œil.

La pratique visant à guillotiner pour satisfaire les pulsions populaires est encore bien vivante, à l’exception que celle-ci est devenue métaphorique. La prochaine victime de cette tradition bien française sera probablement l’Ecole nationale d’administration (ENA). En effet, Emmanuel Macron, à un an des élections, veut offrir à l’échafaud cette école qui représente l’élite française, elle qui a produit quatre présidents − dont lui-même −, plusieurs premiers ministres, ministres et chefs d’entreprise.

La France est un pays qui se questionne souvent sur le déclin de son rang parmi les puissances du monde. Puisant sa source dans les réalités inéluctables de la démographie qui joue pour les nations émergentes de même que dans une certaine nostalgie qui fait fi des qualités de l’Hexagone, cette perte de vitesse est moins vraie qu’il n’y paraît. Toutefois, le recul se manifeste parfois par des décisions à courte vue, auto-infligées. La suppression annoncée de l’ENA constitue une manifestation de cette régression.

35 % des hauts fonctionnaires français proviennent de l’ENA

Evidemment, le débat entourant l’ENA n’est pas nouveau en France. Déjà, en 1967, Jean-Pierre Chevènement fustigeait son côté supposément conservateur dans son essai anonyme L’Enarchie ou les mandarins de la société bourgeoise (Editions de La Table ronde). Les critiques récurrentes sont parmi les suivantes.

On reprocherait à l’ENA de produire une élite qui décide seule du destin de la France, comme si c’était l’unique cas d’espèce. A-t-on oublié les universités de l’Ivy League, qui ont formé presque tous les présidents américains depuis Reagan, de même que le gotha de Wall Street ? Ou encore le duo Oxford-Cambridge, suprêmement prédominant dans la vie économique et politique du Royaume-Uni ?

La réalité est que tous les pays ont leur filière d’élite et que bien souvent l’argent − et la corruption qui va avec − joue un grand rôle dans leur accès. Au moins, la France a réussi à y atténuer considérablement l’importance de la richesse en établissant des concours basés sur le mérite et en rémunérant les élèves pour y étudier. De même, environ 35 % des hauts fonctionnaires français proviennent de cette école : comme domination, on a vu mieux.

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