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« Il paraît souhaitable de ne pas balayer d’un revers de la main toute discussion sur la question dite “raciale” »

Née du constat des inégalités de santé persistantes entre Noirs et Blancs, une nouvelle approche biosociale permet de repenser les catégories raciales, estime Gaëlle Pontarotti, philosophe de la biologie, dans une tribune au « Monde ». Choisir de maintenir le mot « race » implique d’avoir à l’esprit qu’elle est une réalité fluctuante et dépendant des contextes dans lesquels elle est envisagée.

Publié le 14 mai 2021 à 17h00, modifié le 18 mai 2021 à 14h20 Temps de Lecture 6 min.

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Tribune. A l’heure où de nombreux débats sont consacrés à la pertinence d’un retour de la notion de « race », qui apparaît parfois comme un terme à ranger dans le musée de l’histoire des idées, des considérations venues des Etats-Unis nourrissent de nouvelles pistes de réflexion.

Celles-ci suggèrent que si la race est avant tout une construction sociale, elle est une construction sociale qui a une incidence sur la santé des populations. A ce titre, il paraît souhaitable de ne pas balayer d’un revers de la main toute discussion sur la question dite « raciale », même s’il convient de l’adapter aux contextes considérés.

La race a été une notion politique avant d’être naturalisée (ou biologisée) à partir du XVIIIe siècle, notamment à la suite des travaux taxinomiques de Linné (1707-1778) ou de Buffon (1707-1788), et des études anthropologiques de Kant (L’Invention de la race, de Nicolas Bancel, La Découverte, 2014).

Lignées familiales nobles

En effet, la race désigne, aux XVe et XVIe siècles, des lignées familiales nobles, et ce n’est que plus tard, dans le contexte de la colonisation européenne, qu’elle commence à faire référence à des groupes humains essentialisés sur la base de quelques traits physiques (« Je sais bien mais quand même, ou les avatars de la notion de race », de Colette Guillaumin, « La science face au racisme », Le Genre humain, 1981 ; « Le philosophe et la notion de race », de Jean Gayon, L’Aventure humaine, n° 8, pages 19-43, 1997).

On sait aussi que la génétique des populations a causé, au XXe siècle, la disqualification de l’idée selon laquelle les races humaines sont des types naturels et disjoints, dont tous les membres présenteraient le même ensemble de traits. Cette discipline a en effet encouragé les experts (notamment ceux ayant rédigé les déclarations sur la race de l’Unesco) à penser les races comme des populations en évolution, entre lesquelles il n’existe pas de frontières étanches et qui ne se distinguent que par quelques fréquences géniques (Jean Gayon, 1997).

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De ce point de vue, les races sont des « populations ou ensembles de populations qui diffèrent d’autres, par la plus ou moins grande fréquence de certains gènes » (Claude Lévi-Strauss, « Race et culture », dans la Revue internationale des sciences sociales, 1971) ; et tout découpage de l’humanité en races disjointes relève de l’arbitraire et de la convention (Gayon, 1997).

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