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« Les géants du pétrole restent sourds aux discours des gouvernements et des écologistes. Seul l’avis des actionnaires compte »

Dans sa chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », revient sur le positionnement ambigu des grands investisseurs face aux enjeux climatiques.

Publié le 17 mai 2021 à 04h11, modifié le 17 mai 2021 à 18h27 Temps de Lecture 4 min.

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La raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique), en janvier 2020.

Chronique. Patrick Pouyanné s’est pris de passion pour les arbres. Le PDG de Total a décidé de planter des acacias sur les plateaux Batéké, en République du Congo. Cette forêt de 40 000 hectares piégera 10 millions de tonnes de CO2 sur une vingtaine d’années, s’ajoutant aux autres plantations d’un ambitieux programme forestier de 80 millions d’euros par an.

Quelque 2 000 kilomètres plus à l’est, la compagnie va lancer sur les bords du lac Albert un des plus grands projets pétroliers au monde pour pomper chaque jour 230 000 barils de brut, acheminés jusqu’à l’océan Indien par un oléoduc traversant l’Ouganda et la Tanzanie sur 1 500 kilomètres.

Le vert et le noir. L’encre des deux contrats conclus ces dernières semaines n’était pas sèche que les associations de défense de l’environnement dénonçaient de l’« écoblanchiment » au Congo et un « climaticide » en Afrique de l’Est, où le géant français est aussi engagé dans un projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique.

Son patron assume ses choix pour répondre à la demande : porter la quantité d’énergie produite de 3 à 4 millions de barils (équivalent) en 2030, en boostant le gaz mais aussi l’électricité renouvelable ; compenser en partie ses émissions de CO2 et multiplier par cinq ses investissements dans les énergies renouvelables d’ici à 2025. Avec un objectif « zéro carbone » au milieu du siècle.

Que Greenpeace et Les Amis de la terre se mobilisent contre cette politique du « et en même temps » n’a rien de surprenant. Ce sont des adversaires de longue date, déterminés et de plus en plus influents. Mais que les fonds de pension anglo-saxons, les gestionnaires d’actifs et les fonds souverains, soucieux de décarboner et de « dérisquer » leurs portefeuilles, soient de plus en plus critiques envers les compagnies est plus surprenant. Et plus inquiétant pour les Big Oil, quand les critiques gagnent les assemblées générales d’actionnaires.

Désinvestir ou rester

Ces grand-messes ont longtemps donné lieu à des votes massifs en faveur de stratégies « tout-pétrole » conquérantes, de fortes hausses du dividende et de généreuses rémunérations pour les dirigeants. Elles sont désormais plus « chaudes », comme si elles suivaient la courbe de température de la planète.

La question posée aux dirigeants, accusés de « greenwashing », se fait plus insistante chaque année : votre « plan climat » est-il cohérent avec vos engagements en faveur de l’accord de Paris, référence mondiale qui fixe depuis 2015 un objectif de hausse de la température de 2 °C maximum par rapport au début de l’ère industrielle ?

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