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« La guerre aux drogues a créé des conséquences inattendues et négatives majeures »

La seule prohibition a montré toutes ses limites. Dans une tribune au « Monde », le chercheur Khalid Tinasti estime que la France mérite un débat national sur les conséquences des mauvaises politiques antidrogues et de cinquante ans de « débrouille » des autorités face à leurs échecs.

Publié le 24 juillet 2021 à 08h00, modifié le 24 juillet 2021 à 09h07 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Dès l’année 2008, l’ONU a reconnu que le système mondial de contrôle des drogues actuel, basé sur l’adoption nationale de la répression et de « la guerre aux drogues », a créé des conséquences négatives majeures et inattendues. La mère de ces conséquences est le marché illégal lui-même, qui existe à cause de la prohibition de la production, de la vente ou de la consommation des drogues.

Si l’alcool avait été classé substance addictive et dangereuse à la sortie de la seconde guerre mondiale, il aurait certainement un marché illégal important et incontrôlable aujourd’hui. Celui des drogues illégales est estimé à un chiffre d’affaires annuel de 500 milliards de dollars bénéficiant en priorité au crime organisé.

Le système de contrôle des drogues a également eu comme résultats des déplacements budgétaires et géographiques problématiques. Dans presque tous les pays, la priorité budgétaire est donnée à la riposte coercitive, aux dépens de la santé publique ou des affaires sociales.

Les déplacements des lieux de deals

Dans le monde, plus de 100 milliards de dollars sont utilisés chaque année contre la drogue par les forces de l’ordre, alors que seuls 170 millions d’aides sont fléchés pour les programmes sanitaires et sociaux de réduction des risques, qui réduisent la violence liée au marché illégal.

La violence et les lieux de deals se déplacent également au gré de la présence, de la confrontation et des attitudes des autorités. Harceler les dealers aboutit au déplacement géographique (ou « l’effet ballon gonflable ») de la violence, du deal et du marché qui vont vers des cieux plus cléments, comme l’air pressé d’un côté du ballon, et ainsi de suite.

Dès lors, pourquoi le politique continue-t-il à soutenir et même à promouvoir une politique ratée ? Tout simplement parce que cette dernière est imprégnée dans l’imaginaire collectif : tout le monde est d’accord pour condamner les drogues ; tout le monde est stigmatisé et a assez peur pour ne pas objecter publiquement.

Quid de l’objectif de la « guerre aux drogues »

Ainsi, cette répression permet aussi une impunité certaine et peu de comptes à rendre dans les priorités politiques, sociales et budgétaires des gouvernants. Mais, au-delà de la situation électoraliste actuelle en France, quel est l’objectif principal du contrôle des drogues ? La lutte antidrogue a été construite dans les années 1960 comme une campagne de santé publique massive, imbriquée dans l’hygiénisme social et l’imposition de comportements individuels « sains ».

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