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Afghanistan : le cruel abandon des femmes

Après le retrait des troupes américaines, les talibans sont désormais aux portes du pouvoir. C’est une catastrophe pour les femmes afghanes, qui vont se retrouver confrontées à la loi islamique dans son interprétation la plus dure.

Publié le 28 juillet 2021 à 11h18, modifié le 28 juillet 2021 à 15h23 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Morne retraite. Après avoir replié leurs troupes, les pays occidentaux engagés aux côtés des Etats-Unis en Afghanistan finissent en ce mois de juillet de rapatrier leurs ressortissants. Les plus scrupuleux ont emmené avec eux leurs collaborateurs et interprètes afghans, leur évitant ainsi des représailles certaines de la part des talibans, une fois leurs employeurs partis.

Peu glorieux, ce départ d’Afghanistan en est presque piteux, tant il ressemble à un abandon. La plus longue intervention américaine à l’étranger, lancée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pour empêcher Al-Qaida de planifier d’autres attaques depuis son repaire afghan, s’achève vingt ans plus tard sur un triste bilan. Cette guerre a coûté la vie à des dizaines de milliers de civils, à plus de 3 500 soldats de l’OTAN et à bien davantage de militaires afghans, sans compter les blessés et mutilés à vie.

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Chassés du pouvoir au début de l’offensive américaine, les talibans, ces fondamentalistes qui protégeaient Oussama Ben Laden, opèrent un retour spectaculaire dans de nombreux districts du pays au fur et à mesure que les forces étrangères quittent le territoire. Leur progression depuis que les Etats-Unis ont achevé leur retrait militaire, le 3 juillet, sidère les experts. L’hypothèse d’un gouvernement d’unité nationale à Kaboul, constitué de l’actuel régime et des talibans, paraît de moins en moins réalisable.

Une guerre ingagnable

Réaliste, l’administration Biden n’a que faire d’une guerre ingagnable à l’autre bout du monde, alors que tant d’urgences l’accaparent dans son propre pays et ailleurs. A Washington, le fiasco irakien a, pour quelque temps sans doute, refroidi les ardeurs des partisans des interventions étrangères. Le président américain fait valoir que, en intervenant en Afghanistan, les Etats-Unis n’avaient pas pour objectif de reconstruire la nation. « Il appartient aux Afghans et à eux seuls de décider de leur avenir et de la manière dont ils veulent gérer leur pays », assure-t-il. Soit. En vingt ans de présence cependant, ils ont changé la vie de nombreux Afghans. Une catégorie de la population, en particulier, a beaucoup à perdre avec le départ des Occidentaux : les femmes.

Ce sont elles, en effet, qui risquent le plus si les talibans reviennent au pouvoir à Kaboul. En vingt ans, leur statut a considérablement évolué. Non sans mal, elles ont accédé à l’école (aujourd’hui, 40 % des enfants afghans scolarisés sont des filles), à l’université, elles ont investi des secteurs du monde du travail qui leur étaient totalement interdits, y compris au sein des forces de l’ordre. Les fondamentalistes ont tout fait pour freiner cette évolution. Ils ont assassiné des femmes journalistes, médecins, policières, artistes. Ils ont massacré des écolières, attaqué des maternités. Pour toutes ces femmes, la guerre n’est pas finie.

Pendant leurs cinq ans de règne, de 1996 jusqu’à l’intervention des Américains, les talibans ont imposé aux filles et aux femmes afghanes l’interprétation la plus dure de la loi islamique et une soumission totale, punissant sévèrement les rebelles. L’éducation au-delà de l’âge de huit ans leur a été interdite, de même que le travail rémunéré. Pour ces Afghanes que l’Amérique s’est targuée d’avoir aidé à libérer en leur ouvrant la perspective de l’égalité, le retour des talibans serait un gigantesque retour en arrière. Quoi qu’en dise Joe Biden, à cet égard, ce retrait est bien un abandon.

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