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Energies : entre vent et atome, une clarification s’impose

En prenant acte de la contestation contre l’éolien, Emmanuel Macron remet implicitement en cause l’objectif d’une forte décrue du nucléaire. Si tel est le cas, le chef de l’Etat doit accepter de mener le débat en toute transparence durant la campagne présidentielle.

Publié le 30 juillet 2021 à 11h17 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Symboles de la conversion écologique, les éoliennes sont devenues, en France, un objet passionné de débat. Depuis que La France tente de rattraper le retard qu’elle a pris sur ses voisins européens – l’Allemagne surtout –, la contestation croît, notamment dans le nord et l’est du pays, où se concentre l’essentiel du parc. On a pu en mesurer l’ampleur lors des élections régionales de juin. De l’extrême gauche à l’extrême droite, les critiques ont fusé contre ces pylônes de béton blanc accusés de défigurer le paysage pour un gain écologique contestable : l’électricité n’y est pas produite en continu, et certains composants sont difficilement recyclables. Dans les Hauts-de-France, le président de la région, Xavier Bertrand, par ailleurs candidat à l’élection présidentielle, s’est juré de bloquer tous les projets.

Mardi 27 juillet, en marge de son déplacement en Polynésie française, Emmanuel Macron a pris acte de cette contestation. Faisant sienne la crainte de voir le paysage dénaturé, il a défendu sur Franceinfo un « pragmatisme au cas par cas » sur les futures implantations, n’excluant pas de possibles renoncements dès lors que la contestation locale serait devenue trop forte.

Ce n’est pas la première fois que le président de la République prend ses distances avec l’énergie du vent. En janvier 2020, lors d’une table ronde consacrée à « L’Ecologie dans nos territoires » , il avait affirmé ne pas croire à un développement massif de l’éolien terrestre. Il préférait miser sur l’offshore, un domaine prometteur mais qui semble alimenter de nouveaux foyers de contestation, chez les pêcheurs notamment.

Objectif de neutralité carbone

La proximité de l’élection présidentielle l’incite à revenir à la charge, avec comme premier objectif de ne pas laisser la droite s’ériger en conservatrice exclusive des « paysages » qui, dit-il « sont une part de notre patrimoine ». Emmanuel Macron cherche par ailleurs à marginaliser un probable candidat Vert en tentant d’incarner une écologie acceptable par le plus grand nombre, dans la foulée de la loi « climat » que le gouvernement vient de faire voter.

Ces réserves de plus en plus appuyées à l’égard de l’éolien appellent cependant une clarification rapide de la politique énergétique qu’il a engagée. Le développement de l’éolien à un rythme soutenu est en effet indispensable pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, ce à quoi la France s’est engagée, et pour réduire la part du nucléaire au sein du mix électrique. L’ambition du gouvernement est de la limiter à 50 % à l’horizon 2035, contre plus de 70 % aujourd’hui. C’est en pointant cet objectif que la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a récemment refusé à la droite l’adoption d’une disposition législative donnant un droit de veto aux maires sur les implantations d’éoliennes. Elle craignait la multiplication des contentieux. La voie choisie a été de développer la concertation avec les régions pour tenter de dépassionner le débat.

Les récents propos d’Emmanuel Macron bouleversent ce fragile équilibre. D’autant que le chef de l’Etat a de nouveau publiquement défendu le nucléaire en considérant qu’il était « une chance » pour la France, notamment parce qu’il produit une énergie qui émet peu de CO2. Si telle est sa conviction, un débat public sur la viabilité de la poursuite du choix du nucléaire doit s’engager au plus vite dans le cadre de la campagne présidentielle.

Jusqu’à présent, le chef de l’Etat l’a soigneusement éludé, par crainte d’un choc frontal avec les écologistes : la décision de construire ou non de nouveaux réacteurs a été repoussée à 2023 ; la réforme d’EDF est au point mort. Il est temps de sortir du flou pour que les citoyens puissent assumer, en toute connaissance de cause, les choix qu’impose la transition écologique.

Le Monde

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