Tribune. Le 14 août 2021, le Scottish National Party (SNP) et les Verts ont signé un accord de gouvernement. Les deux formations, composées respectivement de 64 et 7 élus au Parlement écossais, disposent d’une majorité absolue depuis le 6 mai. Le gouvernement SNP dirigé par Nicola Sturgeon va intégrer les leaders du Parti vert, Patrick Harvie et Lorna Slater.
Cet accord conforte les principes fondateurs du Parlement écossais, élu selon un mode de scrutin en partie proportionnel, censé empêcher la domination d’un parti politique. L’Ecosse a d’ailleurs connu des gouvernements de coalition entre 1999 et 2007, aux débuts de la dévolution du pouvoir. Depuis lors, le SNP gouvernait avec une majorité relative (sauf entre 2011 et 2016), avec le soutien ponctuel des Verts. L’accord de 2021 est novateur pour deux raisons principales.
D’une part, il assure une majorité absolue aux indépendantistes. Or, en l’absence de Constitution codifiée, le SNP entend s’appuyer sur celle-ci pour réclamer au gouvernement britannique l’organisation d’un second référendum d’autodétermination d’ici à 2023, si la pandémie est terminée. Certes, Boris Johnson a jusqu’à présent opposé une fin de non-recevoir, soulignant que l’autorisation donnée pour le référendum de 2014 n’était valable que pour une consultation. Les deux partis rétorquent que la sortie de l’UE a changé la donne, puisque le principe tout comme les modalités (sortie du marché unique) ont été imposés aux Ecossais. Ils souhaitent quitter le Royaume-Uni afin de réintégrer l’UE. Certes, ils entendent demeurer dans un cadre légal pour la tenue de ce référendum, mais ils rappellent que le Royaume-Uni constitue un Etat d’union reposant sur un accord volontaire. De plus, les institutions politiques écossaises étant fondées sur la souveraineté du peuple, Johnson, qui a plébiscité le Brexit afin de s’affranchir du joug européen, ne saurait empêcher les Ecossais de déterminer leur mode de gouvernement.
Opposition sur le pétrole
Or, les indépendantistes dénoncent un Brexit qui fragilise les atouts de l’Ecosse, comme l’agroalimentaire, premier secteur exportateur, ou la pêche, et qui aggrave des problèmes existants (le vieillissement de la population, atténué par l’immigration). Ils estiment que le gouvernement britannique voudrait en profiter pour recentraliser le pouvoir à Londres en finançant directement les infrastructures écossaises.
Cependant, depuis 2014, l’électorat écossais est divisé entre indépendantistes et unionistes. Si les premiers détiennent une majorité de sièges, les seconds ont rassemblé davantage de voix. La proportion de personnes prêtes à opter pour l’indépendance avoisine 50 %, le Brexit n’ayant pas entraîné de sursaut. En effet, si l’UE constitue le premier marché des entreprises écossaises à l’exportation, le commerce avec le reste du Royaume-Uni représente une valeur quatre fois supérieure. Qui plus est, la situation économique de l’Ecosse, dans le contexte de pandémie, n’est guère avantageuse, le déficit putatif dépassant 20 % du PIB.
Il vous reste 49.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.