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« Joe Biden a l’espoir de sauver le capitalisme de ses démons »

Le président américain s’inspire notamment de Louis D. Brandeis, juge à la Cour suprême et père intellectuel du « New Deal » de Roosevelt, détaille l’historien Romain Huret dans une tribune au « Monde ».

Publié le 17 septembre 2021 à 12h48, modifié le 18 septembre 2021 à 06h58 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Le président Franklin Delano Roosevelt le surnommait le « vieux Isaïe », ses conseillers l’adoraient et, au lendemain de la crise de 1929, les Etats-Unis suivirent ses propositions de régulation du capitalisme. Mal connu en France, Louis D. Brandeis (1856-1941) est sans doute l’un des juges de la Cour suprême des Etats-Unis les plus importants du XXe siècle et l’un des théoriciens d’une « troisième voie » américaine dans le domaine économique et social.

Brandeis a toujours eu une obsession : le gigantisme du capitalisme et ses conséquences sociales et politiques. Depuis le début du XXe siècle, il observe des réorganisations industrielles partout, donnant naissance à des entreprises colossales, comparées par beaucoup à des pieuvres.

Lire l’éditorial du « Monde » : L’audace économique de Joe Biden

L’image est forte et renvoie aux tentacules qui enserrent tous les aspects de la vie quotidienne. Les chefs d’entreprise tiennent entre leurs mains le pays tout entier, financent les campagnes, réduisent au silence les syndicats et imposent des taux d’imposition dérisoirement bas.

Pas de richesse sans société

Pour Brandeis et ses disciples, tous enseignants ou étudiants dans les grandes universités du pays, il est nécessaire de revenir à une tradition américaine de petites entreprises, parfaitement insérées dans le tissu social et économique et tournées vers le bien-être des communautés.

La société crée des liens d’interdépendance entre tous les citoyens, et les capitaines d’industrie ne sont pas au-dessus de cette loi sociale. Pour Brandeis comme pour bien d’autres intellectuels et réformistes, il n’existe pas de richesse sans société.

Dans son livre, Other People’s Money, and How the Bankers Use It (« l’argent des autres, et comment les banquiers l’utilisent », 1914, non traduit), très critique sur le monde bancaire, Brandeis invite à réguler et à moraliser le capitalisme.

L’effondrement de l’économie en 1929 ne fait que confirmer ses craintes sur la démesure du capitalisme. Les années 1920 ont donné naissance à un renforcement des concentrations industrielles, facilitées par une fiscalité très avantageuse et l’apparition des nouveaux marchés en Europe et en Amérique latine. Le capitalisme a alors atteint un stade inconnu jusqu’alors. Au lendemain du krach de Wall Street, ses vues prophétiques transforment Brandeis en oracle, et son livre contre la jungle bancaire et industrielle devient un best-seller pour une population en mal de repères.

La morale et la politique

Avec beaucoup de nostalgie, le « vieux Isaïe » regrette l’accélération du temps avec l’entrée dans l’âge industriel. Concentrations, monopoles, trusts, conglomérats ont transformé le capitalisme des premiers temps. Loin des promesses de l’égalité républicaine, le pays connaît une croissance forte et inédite des inégalités à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

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