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« Joe Biden veut prendre le taureau du capitalisme par les cornes de la concurrence »

A travers une série de mesures prises depuis l’été, l’administration Biden met en place une politique économique axée sur une régulation plus juste, note l’économiste Anne-Laure Kiechel dans une tribune au « Monde ».

Publié le 17 septembre 2021 à 12h48 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Réguler la concurrence pour éviter qu’elle ne se dissolve dans le gigantisme d’entreprises toutes-puissantes sur le marché, c’est l’objectif du décret signé le 9 juillet par Joe Biden. Le président américain veut prendre le taureau du capitalisme par les cornes de la concurrence. Le débat est aussi ancien que le libéralisme mais la question de la répartition de la valeur et de la concentration des richesses prend une nouvelle tournure. Le décret de Joe Biden encourage une douzaine d’agences fédérales à ériger cette question de la concurrence en priorité absolue à travers soixante-douze initiatives : favoriser les importations de médicaments moins coûteux, interdire aux fournisseurs Internet les coûts excessifs pour le consommateur en fin de contrat, faciliter les remboursements de billets par les compagnies aériennes ou encore faciliter les changements de banque. Il appelle aussi à mieux faire respecter les lois antitrust existantes, par exemple en contestant certaines fusions d’entreprises. La nouvelle administration américaine ne vise pas seulement les GAFA, mais de nombreux secteurs : transport, agriculture, banques ou encore santé.

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La concentration des entreprises n’a cessé d’augmenter ces vingt dernières années aux Etats-Unis : dans les trois quarts des secteurs d’activité, un plus petit nombre d’entreprises détient une part plus grande du marché. Une concentration qui coûterait 5 000 dollars par an au consommateur américain médian. Durant sa campagne, Joe Biden l’a répété : « Le capitalisme sans concurrence n’est pas le capitalisme, c’est de l’exploitation. Sans une concurrence saine, les entreprises dominantes peuvent changer les règles, augmenter les prix et vous traiter comme elles le veulent. » Le constat est aujourd’hui largement partagé. Dans son livre The Great Reversal : How America Gave up on Free Markets (« le grand retournement : comment l’Amérique a abandonné les marchés libres », 2019, non traduit), Thomas Philippon mettait déjà en exergue ce recul de la concurrence aux Etats-Unis depuis la fin des années 1990. Il racontait notamment comment certains secteurs américains se sont transformés en cartels, sans que les autorités ne réagissent.

Effets secondaires de la mondialisation

Braquer les projecteurs sur la concentration excessive de certains secteurs n’a rien de nouveau aux Etats-Unis. C’est même très ancien, puisque le Sherman Act, la première loi antitrust, date de 1890, dans une période marquée par la formation de nombreuses grandes entreprises industrielles au pouvoir économique jugé alors excessif. Complété au fil des années, cet arsenal législatif a permis aux autorités américaines de démanteler la compagnie pétrolière Standard Oil en 1911, de lancer des procédures contre IBM en 1969 (finalement abandonnée en 1982 par l’administration Reagan), contre AT&T en 1982 ou encore contre Microsoft en 1999. Mais ce mouvement semble s’être tari depuis le début du XXIe siècle. Comment expliquer ce changement de tendance spectaculaire ?

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