Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« La France peut mettre fin à la privatisation d’une rente autoroutière indue »

L’ancien député (PS) Jean-Paul Chanteguet et rapporteur, en 2014, de la mission d’information sur la place des autoroutes dans les infrastructures de transport, propose, dans une tribune au « Monde », que l’Etat dénonce les contrats passés avec les grands groupes, et mette en place un nouveau mode d’exploitation.

Publié le 17 septembre 2021 à 01h56, modifié le 17 septembre 2021 à 07h08 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Après la décision, en 2005, de privatiser les sociétés d’autoroutes pour une somme proche de 15 milliards d’euros, la Cour des comptes et l’Autorité de la concurrence ont publié, respectivement en juillet 2013 et en septembre 2014, des rapports dénonçant la rente dont celles-ci bénéficiaient. Pour ma part, j’ai présenté, en décembre 2014, au nom de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, un rapport d’information intitulé : « Autoroutes, l’heure est à la reprise en main ». La privatisation de 2006 s’est révélée lourde de conséquences.

Dès l’origine, certaines voix (François Bayrou, Jean-Pierre Raffarin) avaient opportunément dénoncé l’architecture et les mécanismes d’un système qui allait conférer aux détenteurs des concessions des avantages exorbitants en regard du droit commun, sur des durées particulièrement longues.

Force est de constater que la réalité a confirmé cet état de fait au point que notre mission d’information a pu, dès décembre 2014, souligner l’existence d’une véritable rente autoroutière relevant de monopoles privés par zones géographiques. Cette vente de nos autoroutes fut une erreur politique que ne peut dissiper la raison invoquée alors, celle du désendettement de l’Etat. Seulement 10 milliards d’euros y furent affectés (sur les 15), à comparer aux 900 milliards de la dette de l’Etat.

Effet d’aubaine

Le vice initial de la privatisation de 2006 réside dans le fait que les cessions se sont fondées sur les contrats de concession et des cahiers des charges insuffisamment réajustés. Ils sont donc demeurés quasi analogues à ce qu’ils étaient à l’époque où l’Etat était encore très majoritairement partie prenante au système. La privatisation a ainsi engendré un effet d’aubaine pour les grands groupes ayant accédé au contrôle des sociétés concessionnaires.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés La privatisation des autoroutes, un traumatisme originel

Nous l’avons constaté, la plus grande partie de nos autoroutes est régie par des dispositions défavorables à l’Etat et aux usagers. En effet, le modèle économique et financier de ces concessions aboutit à la compensation de tout investissement, soit par des hausses de péages, soit par un allongement de leur durée, et à la distribution de dividendes hors norme aux actionnaires : fin 2019, déjà plus de 32 milliards d’euros sur seulement quatorze ans.

La question de la situation des grands concessionnaires privés d’autoroutes se posait déjà en 2014. D’ailleurs, celle-ci n’avait pas échappé au ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui, le 4 mars 2015, déclarait devant le Sénat à ce propos qu’« il y avait des contrats très profitables et de manière déraisonnable ».

Il vous reste 53.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.