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« La décision de Canberra sur les sous-marins aggrave les tensions stratégiques en Asie du Sud-Est » : l’avertissement de Kevin Rudd, ancien premier ministre australien

Kevin Rudd, l’ancien premier ministre australien signataire de l’accord stratégique entre Paris et Canberra, critique, dans une tribune au « Monde », la volte-face de son gouvernement dans l’achat de sous-marins. Outre le non-respect du protocole diplomatique, cette décision affecte, selon lui, les efforts pour forger une stratégie commune face à la Chine.

Publié le 21 septembre 2021 à 17h02, modifié le 22 septembre 2021 à 07h06 Temps de Lecture 7 min.

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Visioconférence réunissant Joe Biden, Scott Morrison (Australie) et Boris Johnson, le 15 septembre 2021, depuis la Maison Blanche, à Washington.

Tribune. Il est inhabituel qu’un ancien premier ministre d’un pays critique les décisions d’un de ses successeurs dans les pages d’opinion d’un journal étranger. Si, dans le débat politique australien, je me suis montré férocement critique à propos de l’orientation générale prise par la politique étrangère menée par le gouvernement conservateur actuel depuis que j’ai quitté mes fonctions, j’ai rarement pris la plume pour émettre ces critiques à l’étranger.

Mais, face à la mauvaise gestion du projet de remplacement de notre flotte sous-marine avec l’appui de la France, et au vu de l’importance que j’attache aux relations stratégiques entre Canberra et Paris, je suis convaincu d’avoir, en tant qu’ancien premier ministre, la responsabilité de faire clairement entendre mon point de vue sur cette extraordinaire débâcle que vient de provoquer le gouvernement australien.

J’estime que la décision du gouvernement de Scott Morrison est profondément discutable en de maints aspects fondamentaux. Elle viole l’esprit et la lettre du partenariat stratégique adopté par la France et l’Australie en 2012, renforcé par le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, en 2017. Elle ne répond pas à cette obligation contractuelle de base prise par l’Australie : consulter l’industriel de défense français Naval Group si elle décide, comme elle l’a fait, de changer radicalement les termes de l’appel d’offres. Canberra ne souhaite plus commander douze sous-marins à propulsion conventionnelle, mais huit sous-marins à propulsion nucléaire.

L’Australie a commis l’erreur de ne pas laisser à la France la possibilité de lui soumettre une autre offre (en partie ou en totalité nouvelle) pour ces appareils nucléaires, alors que l’Hexagone a une longue expérience dans leur fabrication.

Outre ces manquements fondamentaux, Scott Morrison n’a pas non plus respecté le protocole diplomatique de base : il n’a pas officiellement notifié le gouvernement français de sa décision unilatérale avant d’annoncer publiquement l’annulation du contrat.

Enfin, Canberra n’a pas saisi quel serait l’impact de sa décision, tant en France que sur les efforts de rapprochement international afin de former un front uni face à la montée en puissance de la Chine.

Rôle critique que joue la France

Depuis longtemps, l’Australie entretient avec la France des liens étroits. Près de 50 000 de nos fils, qui ont défendu la France et la Belgique pendant la première guerre mondiale, sont enterrés sur le sol français. Près d’un quart de million d’Australiens se sont battus sur ces sanglants champs de bataille. En 1914, un tel chiffre ne représentait pas moins de 5 % de la population australienne.

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