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Assassinat de Samuel Paty : « L’école apporte une réponse nécessaire à l’archipélisation de notre société »

Pour les enseignants, le traumatisme de l’attentat de Conflans est profond et durable, mais ils ont repris leur mission de reconstruire cette maison commune qu’est l’école, rappelle, dans une tribune au « Monde », Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie.

Publié le 14 octobre 2021 à 20h00 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Quand se diffusa, le 16 octobre 2020 en fin d’après-midi, au soir même des vacances scolaires, la nouvelle de l’assassinat de Samuel Paty à la sortie de son collège, le choc fut immense. La sidération, face à cet événement d’une violence extrême, s’empara des salles de professeurs. Le monde enseignant en fut abasourdi, et au-delà, tout le pays. Toutefois, il est des professeurs qui ont sans doute, davantage encore, ressenti ce drame. Ils l’ont reçu comme on prend un coup de poing en plein visage, comme on encaisse une onde de choc qui vous fait vaciller sur vos jambes. Ils ne sont plus aujourd’hui les professeurs d’histoire-géographie qu’ils étaient avant la mort atroce, par décapitation, de leur collègue.

Le traumatisme est là et il est inscrit pour longtemps dans les esprits de tant de ces enseignants dont beaucoup ont été dévastés. C’est leur alter ego qui a été assassiné, mais c’est évidemment plus que cela. C’est le sens même de leur mission, de leur métier dans toute sa profondeur et sa nécessité, qui ont été attaqués. Ce qui est advenu ce soir-là, c’est la négation même de leur raison d’être, de ce pourquoi ils enseignent au quotidien, c’est la volonté d’anéantir la République et son école, d’imposer l’obscurantisme le plus bête, l’ignorance la plus crasse, la violence la plus crue.

Des professeurs d’histoire-géographie se sont sentis envahis par une forme de désespoir et ne cessent, depuis, de s’interroger sur le sens de leur engagement. Le sentiment d’impuissance face à ces forces mortifères a suscité nombre de questionnements chez ces éclaireurs du temps. Le professeur d’histoire est celui qui donne à comprendre la complexité du monde dans lequel nous vivons, qui donne du sens à ses évolutions et aux processus historiques par les mises en perspective qu’il propose à ses élèves.

Il est aussi celui vers lequel les collègues se sont massivement tournés après les assassinats perpétrés par des djihadistes à Toulouse en mars 2012, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en octobre 2020, à Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher et le Bataclan en janvier et novembre 2015. C’est souvent le professeur d’histoire qui a œuvré quand l’école a dû expliquer aux enfants de France la portée de chacun des événements traversés, et ce d’autant plus que l’institution a été parfois bien en peine de faire saisir à tous les enseignants que la République c’est l’affaire de tous et de chacun, quelle que soit la discipline enseignée. C’est le professeur d’histoire qui s’est chargé des réflexions, des discours, des présentations, avec d’autres bien sûr, mais il s’est toujours trouvé en première ligne et plus encore en ce triste automne 2020.

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