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Rachid Benzine : « Les hommages à Samuel Paty et aux manifestants algériens ne sauraient masquer le malaise et la paralysie de nos institutions »

Les « précautions » qui ont accompagné les cérémonies de souvenir aux Algériens tués en 1961 et le manque de soutien aux enseignants de la part de l’Etat, malgré l’hommage à leur collègue assassiné, font courir le risque d’opposer davantage les groupes qui composent notre société, prévient l’islamologue dans une tribune au « Monde ».

Publié le 19 octobre 2021 à 06h15 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Le hasard des calendriers a fait se juxtaposer deux célébrations qui, au premier abord, n’avaient que peu à voir l’une avec l’autre : l’hommage à l’enseignant Samuel Paty, assassiné dans les Yvelines le 16 octobre 2020, et des cérémonies liées au souvenir du massacre de manifestants pacifiques algériens à Paris le 17 octobre 1961.

Un an après l’assassinat du professeur qui s’efforçait d’expliquer, dans le respect des élèves et avec un réel souci pédagogique, ce qu’est la liberté d’expression, l’émotion et la tristesse restent encore bien présentes. La mort de Samuel Paty, regardé depuis comme l’un des « hussards noirs du XXIe siècle » [selon les mots du ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, après cet assassinat], a remis en valeur le rôle de celles et ceux qui veillent à faire grandir leurs élèves par la transmission des savoirs. A la faveur des différents événements, chacun a pu se remémorer ses propres maîtresses et maîtres, ce que nous leur devons.

Savoir reconnaître ses propres trahisons

Ce même samedi 16 octobre, le président de la République a choisi – courageusement – de se rendre sur les bords de Seine, à la hauteur du pont de Bezons, pour se remémorer solennellement les Algériens tués le 17 octobre 1961 par la police parisienne. « Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », a-t-il déclaré avec force, tout en se gardant bien de mettre en cause, aussi, le premier ministre de l’époque, Michel Debré [1912-1996], furieusement hostile à l’indépendance algérienne, et le général de Gaulle, alors premier président de la Ve République, qui ont couvert le massacre une fois qu’il fut accompli et connu.

En rappelant ces drames, en incitant chacun à les regarder en face, la République est fidèle à sa vocation, qui est de défendre la dignité et la valeur de toute vie humaine, et qui est aussi de savoir reconnaître ses propres trahisons quand il le faut. C’est également une sorte de « contrepoison » que ces cérémonies ont tenté d’injecter à notre société, à l’heure où tant de discours de haine se déversent sur trop de plateaux de télévision, dans les salles de précampagne présidentielle, sur les réseaux sociaux…

Cependant, ces hommages laissent un goût d’inachevé. Les cérémonies de ce week-end ne sauraient masquer les malaises et la paralysie de nos institutions. L’assassinat de Samuel Paty n’illustre-t-il pas le drame de l’institution scolaire de plus en plus impuissante à conduire sa mission au cœur d’une société fracturée ? Celui d’une école qui ne parvient plus à parler simplement de laïcité, et qui se montre incapable d’accompagner correctement les enseignants qui le font ? Même dans l’hommage à Samuel Paty, l’institution scolaire et des enseignants se sont opposés !

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