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Violences sexuelles : « Ne pas forcer les témoignages », respecter la parole des victimes, et leur silence

Les femmes qui dénoncent des agresseurs célèbres courent le risque que leur histoire soit médiatisée, leur nom jeté en pâture et leur vie dévastée. Un obstacle à des divulgations qu’aucun journaliste ne peut enjamber sans faillir à sa déontologie.

Publié le 28 octobre 2021 à 06h00, modifié le 28 octobre 2021 à 06h53 Temps de Lecture 4 min.

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Analyse. Dans moins d’un mois s’affichera de nouveau dans les rues et sur les réseaux sociaux la couleur violette avec le mot dièse #NousToutes comme étendard de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il n’est cependant pas nécessaire d’attendre le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, pour constater à quel point celle-ci continue de s’exercer. Pas besoin de faire l’expérience d’un dépôt de plainte pour viol dans un commissariat pour le vérifier. Cependant, tout comme mésestimer ce que les femmes disent quand elles parlent est insupportable, refuser de comprendre pourquoi il leur arrive de retenir leurs mots revient à leur imposer une injonction supplémentaire.

Le retour de « l’affaire Hulot »

Cette évidence, c’est Jean-Michel Aphatie qui nous incite à la rappeler. Au gré des plateaux de télévision et des studios de radio qu’il fréquente à l’occasion de la promotion de son dernier ouvrage, Les Amateurs (Flammarion, 280 pages, 19 euros), l’éditorialiste s’émeut de l’indifférence politique et médiatique qui a accueilli le témoignage des femmes qui auraient eu à pâtir du comportement de Nicolas Hulot. Il y a trois ans et demi en effet, le 9 février 2018, l’éphémère magazine Ebdo avait révélé que le ministre de la transition écologique et solidaire avait fait l’objet d’une plainte pour viol en juillet 2008. Classée pour prescription, elle avait été déposée par une femme qui ne demandait qu’à conserver l’anonymat.

« On ne peut pas dire, dans le sillage de #metoo, qu’il faut être attentif à la parole des femmes qui souffrent de la violence que, parfois, des hommes commettent (…), et quand un cas se présente, fermer les yeux », écrit le journaliste dans son livre. On ne saurait lui donner tort. Sauf qu’en disant cela, il laisse entendre que les médias sont restés indifférents aux affirmations accablant le populaire ministre, et ont préféré éviter d’enquêter sur lui. Ce qui n’est pas le cas général.

Il ne suffit pas de tendre un micro à celles qui ont enduré des comportements inappropriés pour que leur parole se libère

Bien avant Ebdo, des rédactions ont mené des investigations, sans qu’aucun article ne paraisse. Pourquoi ? « Dans ce genre d’affaire, on sait qu’on peut travailler pendant des mois et ne rien publier tant qu’on estime ne pas avoir suffisamment d’éléments », confient Emeline Cazi et Sylvia Zappi, qui ont enquêté sur le sujet pour Le Monde. « Nous ne répondons que de ce que nous publions », oppose à son tour Lénaïg Bredoux, journaliste et responsable éditoriale des questions de genre à Mediapart. Toute autre ligne de conduite reviendrait à laisser libre cours aux rumeurs, au mépris des faits. « On n’a pas à forcer les témoignages », martèle de son côté la journaliste de France Télévisions Elise Lucet, qui enquête depuis quatre ans sur le sujet. « Nous le faisons dans le respect de la parole des femmes, de la présomption d’innocence, et du nécessaire travail de vérification des faits », rappelle-t-elle. Autant d’étapes très chronophages mais indispensables sous peine, comme ce fut le cas dans cette affaire, de provoquer un fiasco.

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