L’un a décidé de repartir, l’autre de rester. Autour de Jorge Arturo Garcia, un attroupement s’est formé. Après des semaines de marche depuis le Honduras, l’ouvrier agricole a décidé de rentrer chez lui. Quitter le stade de Tijuana où s’est arrêtée la « caravane » de migrants partis d’Amérique centrale mi-octobre à la poursuite de l’impossible : franchir la frontière mexicaine puis demander l’asile aux Etats-Unis.
Le silence s’est fait dans le groupe. Comme des dizaines de migrants, Jorge Arturo Garcia est vêtu d’un tee-shirt à la gloire d’une équipe de foot latino-américaine, héritage du passage de la « caravane » à Mexico, mi-novembre. Le jeune homme a la gorge nouée. Que dire quand on rebrousse chemin après avoir parcouru 4 600 km avec sandales et baluchon ? « Il n’y a personne pour nous aider aux Etats-Unis », se borne-t-il à expliquer.
Jorge, 26 ans, vient d’ajouter son nom à la liste de candidats au retour établie par Grupos Beta, le bras humanitaire de l’Institut national de migration du Mexique. En deux jours, une centaine de personnes se sont inscrites, indique Cesar Anibal Palencia Chavez, le directeur des services aux migrants de la ville de Tijuana. Les autocars les attendent à deux pas, dans la rue Mutualismo, là où la police anti-émeutes aligne ses boucliers de plastique contre les murs. Ils seront dans l’avion – affrété par le gouvernement – le soir même.
L’inquiétude a gagné
Selon Cesar Anibal Palencia Chavez, les migrants ne se rendaient pas tout à fait compte des contingences politiques. « Ce qui s’est passé dimanche leur a ouvert les yeux », affirme-t-il. L’incident a choqué les migrants autant que l’opinion américaine. Quelques centaines de candidats à l’asile étaient partis manifester au point de passage mexicain d’El Chaparral, qui fait pendant au poste de San Ysidro, côté américain.
Les gardes-frontières mexicains ont été débordés (les réfugiés sont persuadés qu’ils les ont laissés passer pour faire monter la tension). « Là, il y a eu un moment de chaos magnifique, raconte le cameraman Sky Richards, qui suit la « caravane » depuis plusieurs semaines. Les migrants ont cru que leur rêve s’accomplissait. » Mais de la terre promise, ce sont des gaz lacrymogènes qui leur sont parvenus. Depuis, l’inquiétude a gagné. Les femmes ont reproché aux hommes d’avoir mis les familles en danger.
« On va attendre, dit-il. Une porte s’ouvrira peut-être. Peut-être pas aux Etats-Unis mais dans un autre pays ? », Andres Nunez, un migrant hondurien
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