« La répression doit cesser. » Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a fait savoir, lundi 19 avril, que les Vingt-Sept allaient imposer de nouvelles sanctions à dix membres de la junte au pouvoir en Birmanie ainsi qu’à deux sociétés qui lui assurent un financement.
Les militaires répriment presque quotidiennement dans le sang les manifestations d’ampleur pour réclamer le retour à la démocratie dans le pays. Au moins 737 personnes ont été tuées et plus de 3 000 arrêtées, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
« La décision d’aujourd’hui est un signe de l’unité et de la détermination de l’Union européenne [UE] à condamner les actions brutales de la junte militaire et vise à provoquer un changement à la tête de la junte », détaille un communiqué des services de M. Borrell. « Elle envoie un message clair aux dirigeants militaires : poursuivre sur la voie actuelle n’apportera que davantage de souffrances et n’accordera jamais aucune légitimité. »
Conglomérats liés aux militaires
Le principe de ces sanctions avait été décidé le 22 mars, lorsque les Vingt-Sept avaient pris une série de mesures contre le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, neuf des plus haut gradés des forces armées ainsi que le président de la commission électorale.
Les dix noms ajoutés, lundi, à la liste noire de l’UE sont pour la plupart ceux de membres du Conseil d’administration de l’Etat (CAS, le nom officiel du pouvoir militaire). Les Européens les considèrent directement impliqués dans les prises de décision et responsables à ce titre de l’affaiblissement de l’Etat de droit.
« Les deux entités sanctionnées sont liées aux militaires », a par ailleurs souligné M. Borrell. « La Myanmar Economic Holdings Public Company Limited (MEHL) et la Myanmar Economic Corporation Limited (MEC) sont de grands conglomérats qui agissent dans de nombreux secteurs de l’économie birmane et sont détenus et contrôlés par les forces armées, dont ils assurent les revenus », ont précisé ses services.
Les sanctions européennes consistent en une interdiction de se rendre ou de transiter par l’UE et un gel de leurs avoirs sur son territoire. Elles interdisent également tout financement de l’UE aux sociétés visées. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis avaient déjà sanctionné les deux conglomérats birmans liés à la junte.
« Accepter les offres de dialogue »
La situation chaotique en Birmanie depuis le putsch du 1er février, qui a renversé le gouvernement civil mené par la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, doit être discutée lors d’un sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), samedi, à Djakarta, en Indonésie. Le chef de la junte doit y prendre part.
« La junte poursuit sa politique de violence et conduit le pays à une impasse », a réagi, lundi, le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Maas, pour justifier les nouvelles sanctions de l’UE, dont le but est d’obliger les militaires à participer à « des négociations ». « Les militaires devraient enfin accepter les offres de dialogue et profiter de la réunion de l’Asean, le 24 avril, pour proposer une voie de sortie à cette crise », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, et son prédécesseur, Ban Ki-moon, ont par ailleurs pressé l’Asean d’agir pour trouver une solution, lors d’une visioconférence de dirigeants du Conseil de sécurité sur les relations entre l’ONU et les organisations régionales.
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