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En Birmanie, « l’état d’esprit de la population est à la guerre civile »

Thibaut Bara, chercheur invité au Centre pour le développement économique et social de Rangoun, estime que le pays « semble voué à revenir à son isolement international précédant le processus de démocratisation » amorcé en 2008.

Propos recueillis par 

Publié le 04 mai 2021 à 14h54, modifié le 04 mai 2021 à 16h57

Temps de Lecture 5 min.

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Thibaut Bara, chercheur invité au Centre pour le développement économique et social de Rangoun, explique, dans un entretien accordé au Monde, que l’impact actuel des sanctions étrangères à l’encontre des généraux est « psychologique ».

Quelle est la situation économique en Birmanie, ressent-on un impact des sanctions ?

Trois mois après le coup d’Etat, l’économie reste à l’arrêt. L’appareil étatique n’est toujours pas sous contrôle des généraux, les factures d’électricité ou les taxes ne peuvent même pas être collectées, sans compter le ralentissement économique dû au Covid-19. Il est encore trop tôt pour juger de l’impact réel des sanctions étrangères. Il sera sans doute toutefois limité au vu de la faiblesse relative des intérêts anglo-saxons et européens dans l’économie birmane [en 2020 le commerce entre les Etats-Unis et la Birmanie ne représentait que 1,2 milliard de dollars, contre 11 milliards avec la Chine et 3,4 milliards avec l’UE en 2019] et de la nature ciblée des sanctions qui ne concernent pas les échanges commerciaux ou les investissements de manière générale.

Peu d’entreprises américaines ou européennes devraient être concernées, un certain nombre ont d’ailleurs déjà rompu leurs partenariats à l’instar du français Voltalia. EDF s’est retirée d’un projet de barrage. L’entreprise allemande Giesecke+Devrient, active dans la fabrication des billets de banque, ou encore Puma Energy, un distributeur de kérosène, ont suspendu leurs opérations. L’impact actuel des sanctions est psychologique. Malgré la pauvreté et le chômage qui explosent, l’état d’esprit de la population est à la guerre civile. Tout revers même symbolique à l’encontre des généraux est une victoire qui aide la résistance à garder espoir malgré la répression brutale.

A l’inverse, la timidité et la lenteur des sanctions européennes notamment nourrissent un désespoir croissant vis-à-vis des pays occidentaux et de leur capacité à défendre les valeurs qu’ils affichent. Le cas de Total, premier investisseur privé du pays et source de revenus majeure du régime militaire, qui continue ses opérations, est perçu comme un réel soutien stratégique à la dictature militaire.

Les mouvements de boycottage à l’intérieur du pays produisent-ils des effets ?

Les campagnes de boycottage en Birmanie sont largement suivies, la Myanmar Beer, véritable icône des bars et restaurants du pays, est aujourd’hui pratiquement partout boycottée car Myanmar Brewery est une filiale du Myanmar Economic Holdings Ltd (MEHL), l’un de deux conglomérats de l’armée. Il ne reste plus que les cendriers et les tireuses à bière avec le logo, quasiment aucune bière n’est vendue qui profite à l’armée, même chose pour les cigarettes Ruby.

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