Analyse. Tout le monde se souvient, à Bruxelles, d’une déclaration de Federica Mogherini, lors de son entrée en fonctions comme haute représentante de l’Union européenne (UE) pour la politique étrangère, en 2014. L’objectif principal de l’ex-ministre italienne des affaires étrangères était, assurait-elle, de tout faire pour contribuer à la mise en place, en l’espace de cinq ans, d’une solution à deux Etats afin de résoudre le conflit israélo-palestinien.
Près de sept ans plus tard, le successeur de Mme Mogherini, l’Espagnol Josep Borrell, s’en tient officiellement à cet objectif. Dans l’immédiat, il a convoqué pour mardi 18 mai une réunion extraordinaire de ses collègues ministres des affaires étrangères afin d’examiner le moyen de faire cesser les violences. Le haut représentant assure que l’Union est « activement engagée » pour favoriser cette désescalade. Il appelle à une « réaction proportionnée » d’Israël, condamne les tirs de roquettes du Hamas et demande le respect du droit humanitaire.
L’UE s’est dotée récemment d’un nouvel envoyé spécial pour la région, l’ancien député néerlandais Sven Koopmans, qu’elle a chargé d’une mission ambitieuse : s’attaquer « aux racines du conflit ». « C’est presque pathétique, murmure un diplomate qui réclame l’anonymat. En réalité, nous ne disposons d’aucun plan précis pour atteindre notre objectif, nous sommes totalement passifs depuis des années. »
Echec de la politique de coopération
En janvier 2020, lorsque l’ex-président américain Donald Trump a dévoilé son plan pour « la paix et la prospérité », qui signifiait pratiquement l’arrêt de mort du projet à deux Etats et rendait possible une éventuelle annexion par Israël d’une fraction importante de la Cisjordanie, une partie du camp européen n’a d’ailleurs pas rejeté le principe de cette idée. Quelques dirigeants estimaient qu’il pouvait permettre une avancée positive, rappelle Marwan Muasher, vice-directeur des études à la Fondation Carnegie, à Washington,
Les Européens sont, comme souvent, divisés. Quant au soutien politique à apporter encore à l’Autorité palestinienne (d’abord par la France, la Suède et l’Irlande ; l’Allemagne, l’Autriche et la Slovénie invoquant toujours en priorité le droit d’Israël à se défendre), mais aussi quant à l’aide financière à lui fournir. La Hongrie et la Pologne n’hésitent plus à critiquer l’impuissance des dirigeants palestiniens à bâtir une économie viable et à lutter contre la corruption. Avec d’autres capitales, Budapest et Varsovie soulignent aussi que l’argent fourni par l’Union dispense en réalité les autorités israéliennes d’œuvrer au développement des territoires occupés.
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