Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont repris, lundi 17 mai, sans perspective d’une trêve entre Israël et le mouvement Hamas qui continue ses tirs de roquettes. Après un déluge de feu dans la nuit, l’armée israélienne a lancé de nouvelles frappes, tandis que, dans le sud d’Israël, les sirènes d’alarme n’ont cessé de retentir pour alerter de tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien limitrophe.
La crise actuelle a éclaté le 10 mai avec des roquettes tirées par le Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l’origine des manifestations, la menace d’expulsion forcée de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans le quartier Cheikh Jarrah.
Depuis une semaine, 200 Palestiniens ont été tués, dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés. Côté israélien, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 294 blessées à la suite de tirs de groupes armés palestiniens de Gaza, dont le Hamas au pouvoir. Les hostilités se sont étendues cette semaine à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l’armée israélienne ont fait 19 morts depuis une semaine, selon un bilan palestinien.
Les groupes armés du Hamas ont tiré plus de 3 150 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités meurtrières, un rythme inédit. D’après l’armée, 90 % d’entre elles ont été interceptées par le système antimissiles Dôme de fer. « L’intensité de ce conflit, c’est quelque chose que nous n’avons jamais vu auparavant », s’est alarmé Robert Mardini, directeur général de la Croix-Rouge.
Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) espèrent la mise en place d’un corridor humanitaire, a fait savoir, lundi, Ely Sok, chef de mission Palestine pour MSF, interrogé par Franceinfo. Le Programme alimentaire mondial a annoncé une aide d’urgence pour plus de 51 000 personnes dans l’enclave minée par la pauvreté et le chômage. Quelque 40 000 habitants ont dû fuir leur maison, trouvant pour beaucoup refuge auprès de l’ONU.
Le plus lourd bilan quotidien depuis une semaine
L’armée israélienne a mené, aux premières heures lundi 17 mai, une intense série de bombardements sur Gaza. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne a pilonné la bande de Gaza à des dizaines de reprises en l’espace de quelques minutes, provoquant des coupures de courant, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
Des centaines de bâtiments ont été endommagés, d’après les autorités locales, qui n’ont pas fait état de victimes dans l’immédiat. L’armée israélienne a fait savoir, lundi, dans un communiqué, avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas et qui servaient pour certaines à « stocker des armes ».
Le Jihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de la bande de Gaza, a annoncé, lundi, la mort d’Hossam Abou Harbid, l’un de ses commandants, dans une frappe.
D’après le ministère de la santé à Gaza – enclave pauvre de deux millions d’habitants sous blocus israélien depuis quinze ans –, plus de 40 000 personnes ont fui leur logement cette dernière semaine pour se cacher des bombardements israéliens. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a expliqué y avoir ouvert une quarantaine d’écoles pour accueillir les déplacés.
L’immeuble abritant les locaux d’Associated Press et Al-Jazira à Gaza pulvérisé : « une cible parfaitement légitime » pour Nétanyahou
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a, dans une adresse aux Israéliens, réitéré que l’opération allait encore « prendre du temps » et appelé ses compatriotes à limiter leurs « activités en extérieur ». « Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a-t-il affirmé.
Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, il a aussi justifié la frappe ayant pulvérisé la tour de 13 étages abritant les locaux de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira et l’agence de presse américaine Associated Press (AP). C’était « une cible parfaitement légitime », a-t-il déclaré, affirmant se baser sur des informations des services de renseignement. « Nous avons pris toutes les précautions afin d’être sûrs qu’il n’y aurait pas de civils blessés », a ajouté Nétanyahou.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a exprimé lundi, lors d’un appel téléphonique à M. Nétanyahou, sa solidarité avec Israël, tout en exprimant son souhait de voir les hostilités « prendre fin le plus rapidement possible ».
Reporters sans frontières (RSF) a saisi, dimanche, la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs raids contre des locaux abritant des médias, considérant qu’ils pouvaient relever de « crimes de guerre ». L’armée israélienne a justifié la destruction de la tour de bureaux en affirmant qu’elle abritait « des moyens militaires » du Hamas, sans toutefois apporter de preuves.
Emmanuel Macron et Abdel Fattah Al-Sissi « soulignent la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités »
Emmanuel Macron a reçu le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, lundi après-midi à l’Elysée pour un entretien bilatéral. Les présidents français et égyptien ont souligné ensemble « la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités » au Proche-Orient, « partagé leur forte inquiétude face à l’escalade de violences en cours et déploré les nombreuses victimes civiles », a annoncé l’Elysée.
A l’issue de leur entretien bilatéral, le président français « a renouvelé son soutien à la médiation égyptienne » et les deux chefs d’Etat sont convenus de « continuer à se coordonner pour favoriser un cessez-le-feu rapide et éviter que le conflit ne s’étende », a ajouté l’Elysée. Une médiation est en cours, qui inclut l’Egypte, la Jordanie ainsi que l’Allemagne, avec le soutien de la France, a précisé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur RTL.
Aucune avancée diplomatique à l’ONU, Washington rejette un troisième projet de déclaration
Les Etats-Unis se sont opposés lundi, pour la troisième fois en une semaine, à l’adoption d’une déclaration du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à « une cessation des violences » entre Israéliens et Palestiniens.
Le texte – rédigé par la Chine, la Tunisie et la Norvège – avait été remis dimanche soir aux quinze membres du Conseil de sécurité pour une approbation lundi. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils « ne pouvaient pas soutenir pour le moment une expression » du Conseil de sécurité, a dit à l’AFP un diplomate.
Sur son compte Twitter, la mission diplomatique norvégienne a annoncé qu’une nouvelle réunion en urgence du Conseil de sécurité, à huis clos, se tiendrait mardi en milieu de journée. « La situation sur le terrain continue de se détériorer. Des civils innocents continuent d’être tués et blessés. Nous répétons : cessez le feu. Mettez fin aux hostilités maintenant », est-il écrit sur son message. Il s’agira de la quatrième réunion du Conseil de sécurité depuis le 10 mai, sans qu’aucune position commune ait pu être arrêtée, à cause des réticences américaines.
Interrogé sur ce nouveau refus des Etats-Unis d’entériner un texte commun, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a souligné l’importance de l’affirmation d’une position unie du Conseil à propos du conflit. « Je voudrais vraiment réaffirmer la nécessité d’une voix très forte et unifiée du Conseil de sécurité qui, à notre avis, aura du poids », a-t-il dit lors de son point de presse quotidien.
L’Assemblée générale de l’ONU tiendra, jeudi à 16 heures, un débat public sur le conflit israélo-palestinien, a annoncé pour sa part Brenden Varma, le porte-parole du président de l’Assemblée. Cette session, qui ne devrait pas donner lieu à l’adoption d’un texte, a été demandée par le Niger et l’Algérie, en leur capacité respective de présidents en exercice de l’Organisation de la coopération islamique et du Groupe arabe à l’ONU, a-t-il précisé lors du même point de presse.
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