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Le Chili vote en faveur d’une réécriture en profondeur de la Constitution héritée de Pinochet

Les partis de gauche devancent la droite dans ce scrutin qui désignait les rédacteurs de la nouvelle Loi fondamentale, à l’issue duquel les candidats indépendants ont supplanté ceux des formations traditionnelles.

Le Monde avec AFP

Publié le 17 mai 2021 à 06h06, modifié le 17 mai 2021 à 08h37

Temps de Lecture 3 min.

Dépouillement des bulletins à l’issue de l’élection constituante, à Santiago, capitale du Chili, le 16 mai 2021.

Les partis de gauche désireux de réécrire en profondeur la Constitution chilienne héritée de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) devançaient, dimanche 16 mai, ceux de la droite conservatrice, mais les formations indépendantes arrivaient en tête du scrutin pour désigner les rédacteurs de la nouvelle Loi fondamentale.

Les deux listes qui rassemblent des candidats allant du centre gauche au Parti communiste, qui entendent proposer un nouveau modèle pour le pays avec différents droits sociaux garantis, comme l’éducation, la santé ou le logement, recueillent 33,22 % des suffrages, après le dépouillement de 90 % des bulletins de vote.

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Avec 20,80 % des voix, la droite au pouvoir, défendant le système actuel qui aurait favorisé, selon elle, la croissance économique du pays, ne dispose pas du contrôle des décisions de l’Assemblée constituante qui sera composée de 155 membres élus sur une base paritaire, dont dix-sept sièges sont réservés aux dix peuples autochtones.

Les candidats indépendants – acteurs, écrivains, professeurs, travailleurs sociaux, avocats –, dont beaucoup avaient participé au plus grand soulèvement social des dernières décennies, amorcé en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire, supplantent ceux des partis traditionnels et raflent le reste des votes.

« Les citoyens en ont assez des partis traditionnels »

Selon Marcelo Mella, politologue à l’université de Santiago, « la plupart [des candidats indépendants] sont des outsiders, sans étiquette et critiques envers les partis traditionnels ». Malgré l’absence de sondages et des prévisions électorales difficiles, aucun analyste n’avait anticipé une telle razzia de ces candidats ou le piètre résultat de la droite au pouvoir, unie avec l’extrême droite sur une seule liste, alors que se profile, en novembre, l’élection présidentielle.

Les résultats montrent clairement que « la force électorale des indépendants est beaucoup plus importante qu’on ne le pensait et cela confirme que les citoyens en ont assez des partis traditionnels », a estimé Mireya Davila, de l’Institut des affaires publiques de l’université du Chili. Selon elle, « le système politique est en train d’être reconfiguré ; il y a un air de changement au Chili, mais c’est aussi complexe, car il faudra négocier avec chacun des indépendants et composer avec chacune de leurs positions au sein de l’Assemblée constituante ». Daniel Jadue, candidat du Parti communiste à la présidentielle, s’est réjoui que « les secteurs qui cherchent à transformer le pays ont triomphé ».

Désaffection des électeurs

Autre enseignement majeur de ce scrutin étalé sur deux journées en raison de l’épidémie de Covid-19 : la désaffection des électeurs, qui n’ont été que 37 % à se déplacer. Le taux de participation était de 20,44 % des 14,9 millions d’inscrits, à l’issue de la journée de samedi, selon les données du service électoral. Javier Macaya, président de l’Union démocratique indépendante (UDI), le plus grand parti de droite du Chili, a déclaré que le pays « a donné un signal que nous devons être capables d’écouter. Les blocs politiques traditionnels ont été délaissés par les électeurs ».

Heraldo Muñoz, candidat du Parti progressiste pour la démocratie (PPD), a estimé que « la force des indépendants émerge de manière impromptue et donne une leçon à la classe politique ». Réécrire la Constitution était une des revendications issues du violent soulèvement social d’octobre 2019. Elle remplacera celle rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet.

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Le changement de la Loi fondamentale actuelle, qui limite fortement l’action de l’Etat et promeut l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites, est vu comme la levée d’un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans un pays parmi les plus inégalitaires d’Amérique latine.

Selon les sondages, plus de 60 % des Chiliens estiment que cette Constitution a créé un système qui profite à un petit nombre de privilégiés. La nouvelle Loi fondamentale doit être rédigée dans un délai de neuf mois, prolongeable une seule fois de trois mois supplémentaires. Elle doit être approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoire.

Le Monde avec AFP

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