Debout sur l’estrade improvisée avenue de Ségur à Paris, Martine Wonner harangue la foule galvanisée. « Allez faire le siège des parlementaires ! Allez envahir leur permanence pour dire que vous n’êtes pas d’accord ! », s’époumone la députée du Bas-Rhin face aux manifestants rassemblés, samedi 17 juillet, pour protester contre l’extension du passe sanitaire.
La séquence a aussitôt suscité un tollé au sein des députés, et provoqué son éviction du groupe parlementaire Libertés et territoires (LT). Elle a, depuis, annoncé vouloir créer un « mouvement apolitique et citoyen ». Une nouvelle exclusion pour Martine Wonner, qui avait siégé pendant trois ans à l’Assemblée nationale aux côtés des « marcheurs », avant d’être écartée en mai 2020 pour avoir été la seule élue du groupe La République en marche (LRM) à voter contre le plan de déconfinement du gouvernement.
L’élue n’en est pas à son premier dérapage. La députée alsacienne de 57 ans, psychiatre de formation, a, depuis le début de la crise sanitaire, accumulé les contre-vérités sur l’hydroxychloroquine, les vaccins à ARN messager, les masques ou la gravité de l’épidémie. Ces positions lui ont valu de devenir l’une des figures des sphères covidosceptiques et complotistes, et même de faire récemment l’objet d’une plainte d’un collectif de médecins auprès de l’ordre des médecins, qui lui reproche un « flot continu et répété de contre-vérités ».
« Un gâchis », déplore auprès de l’Agence France-Presse le député (LRM) Vincent Thiébaut, son voisin de circonscription, qui a dénoncé son « enfermement algorithmique » sur les réseaux sociaux. « Ce sont les gens qui la condamnent qui l’ont poussée à s’enfermer dans ce discours de la radicalité », défend de son côté la députée (LT) Jennifer de Temmerman dans Le Journal du dimanche. Contactée, Martine Wonner a fait savoir par son entourage qu’elle ne souhaitait pas répondre aux questions des Décodeurs, précisant qu’elle « aurait été disposée à parler dans un autre format où on la laisserait exprimer sa pensée », sans préciser lequel.
« Martine Wonner est le reflet de la société, le symptôme de ce moment Covid qui a fait basculer bon nombre de nos concitoyens dans des égarements complotistes », constate le chercheur Tristan Mendès France. « En étant l’une des rares élues avec une telle visibilité qui était à peu près sceptique sur toutes les contraintes sanitaires, elle est devenue en quelque sorte “le Didier Raoult du Parlement” ; un étendard auquel des gens se sont agrégés par contestation », observe le spécialiste des extrémismes en ligne.
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