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« Nuremberg. La bataille des images », de Sylvie Lindeperg : images témoins

L’historienne analyse dans son essais le procès des criminels nazis (1945-1946) à la lumière des films et photos qui y ont été montrés et pris.

Par  (Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 30 avril 2021 à 14h00

Temps de Lecture 2 min.

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Les accusés et leurs avocats au procès de Nuremberg, novembre 1945.

« Nuremberg. La bataille des images », de Sylvie Lindeperg, Payot, « Histoire », 528 p., 25 €, numérique 19 €.

Fin 1944, les Américains décident d’un procès contre les criminels nazis, qui s’ouvre pour dix mois à Nuremberg en novembre 1945. Dans Nuremberg. La bataille des images, l’historienne Sylvie Lindeperg fait, grâce aux archives, le récit de cette ambition : mettre en place le « plus grand procès de l’histoire », proposer une « justice exemplaire », tout en mettant en scène l’événement comme un « spectacle public ». Surtout, pour la première fois, les images sont au centre : documents visuels prouvant la culpabilité des accusés, publicité donnée aux débats et volonté d’édification par l’enregistrement filmé des séances. Toutes ces dimensions configurent une véritable « bataille » dont il est difficile de dire qui est sorti vainqueur.

Sylvie Lindeperg parvient parfaitement à donner chair à l’ambition du procureur général des Etats-Unis, Robert Jackson. On suit les opérateurs de l’Army Pictorial Service, sous l’autorité des deux cinéastes, John Ford et George Stevens, découvrant les camps de concentration et d’extermination ; puis la mission de Budd Schulberg, futur scénariste d’Elia Kazan, chargé de réunir à travers l’Europe les films et documents nazis compromettants. Ray Kellogg en proposera des montages, « films-preuves » dont le plus célèbre reste Nazi Concentration Camps (1945).

La conception de la salle d’audience est également étudiée de près : « architecture graphique et visuelle » permettant d’installer un écran où seront montrés films, photos, cartes, mais aussi les luminaires permettant de voir les visages des accusés, les places des caméras et des opérateurs, les box pour photographes, les cabines pour journalistes, enfin le premier système au monde de traduction simultanée. Il faut dire que la fine fleur de l’image et de la plume est réunie à Nuremberg, même si John Ford, comme le montre l’historienne en mettant fin à la légende, n’a pas dirigé les prises de vue du procès ; John Dos Passos, Ilya Ehrenbourg, Vsevolod Vichnevski, Louis Aragon, Elsa Triolet, Joseph Kessel et Alfred Döblin sont présents plus ou moins longtemps.

La projection de « Nazi Concentration Camps »

Mais le déroulement du procès lui-même est décevant : trop de longueurs pour un « film hollywoodien », parfois des querelles entre alliés assez visibles, voire des rires ou, selon certains, un « charisme » des accusés (chez Goering particulièrement) qui peuvent discréditer l’accusation. Le souffle de la justice à l’américaine s’éteint peu à peu dans la lecture fastidieuse des archives. La stratégie du procureur Jackson, qui préfère interroger les accusés plutôt que de faire parler de nombreux témoins, coupe court à l’émotion. Pour la presse, le « procès du siècle » tourne au « monument d’ennui ».

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