Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Horacio Castellanos Moya, Alexandra Schwartzbrod, Boston Teran : la chronique « poches » de Véronique Ovaldé

Le journal de lecture en poche de l’écrivaine.

Publié le 08 mai 2021 à 12h00 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

« La Diablesse dans son miroir » (La diabla en el espejo), d’Horacio Castellanos Moya, traduit de l’espagnol (Salvador) par André Gabastou, Métailié, « Suites », 156 p., 9 €.

« Les Lumières de Tel-Aviv », d’Alexandra Schwartzbrod, Rivages poche, « Petite bibliothèque », 368 p., 9,20 €.

« Méfiez-vous des morts » (Never Count Out the Dead), de Boston Teran, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Frank Reichert, Gallmeister, « Totem », 512 p., 11,90 €.

Il y a pas mal d’endroits sur notre planète où il ne fait pas bon vivre. Le choix est vaste. Commençons par le Salvador, ravagé par la guerre civile, la corruption et la pauvreté. « Un puits de merde. » La belle Olga Maria a été assassinée et la respectabilité postiche des bourgeois salvadoriens vole en éclats. Sa « meilleure amie », Laura, poule-hyène sans tête mais bouffie de fiel, nous inonde de sa frénésie et de sa furieuse bêtise. La Diablesse dans son miroir, d’Horacio Castellanos Moya, est une farce, comme la politique et les institutions sont des farces au Salvador. L’auteur épouse à chaque livre le regard et la parole de son narrateur. Parfois la voix est celle d’un quasi-muet, comme pour Robocop, le tueur dénué de tout affect, un ancien des escadrons de la mort qui était le protagoniste de L’Homme en arme, et que l’on retrouve ici en ombre tueuse. Parce que les romans de Castellanos Moya forment une constellation. Il élabore brillamment, de livre en livre, un cosmos de l’horreur latino-américaine – sa violence grimaçante, sa tragédie, son grotesque et sa paranoïa – en un long monologue hurlant.

Lire aussi cette rencontre (2018) : Article réservé à nos abonnés Horacio Castellanos Moya : « J’écris à la manière d’une taupe bourrée »

On le sait bien, les nobles causes sont salissantes. Dans Les Lumières de Tel-Aviv, d’Alexandra Schwartzbrod, l’utopie « des intellectuels biberonnés aux plus belles légendes occidentales » a fini par nourrir en son sein un sectarisme aussi fanatique que les autres – l’autrice invente les « Ni voile ni perruque », les laïques fanatiques. Une muraille de béton sépare dorénavant le Grand Israël contrôlé par les ultraorthodoxes (et les nationalistes russes) des Résistants de Tel-Aviv, laïques, dissidents et libres. Dans cette très légère anticipation, « le monde était devenu une succession de murs et de cloîtres ». Six personnages tenteront de passer le mur – parce qu’il n’y a pas d’autre choix (« tu comprends que l’heure est venue quand il devient plus douloureux de rester que de partir », ça vaut pour le suicide, l’exil ou la fin des passions amoureuses). Le pouvoir donne la gale, Schwartzbrod, journaliste spécialiste du Moyen-Orient, le sait bien. Elle nous offre un haletant roman noir, certes, mais porteur d’un grand espoir : ainsi le truculent Pavel qui, comme tout un chacun à Jérusalem, a été chargé de la construction d’un pan du mur, s’est arrangé pour que sa portion reste « amovible », histoire de passer discrètement d’un monde à l’autre.

Il vous reste 29.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.