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Franz Bartelt, un sens avéré de l’absurde

Depuis ses Ardennes, qu’il quitte peu, l’écrivain sait que, si la vie n’est pas rose, elle prête pourtant à rire. D’où le ton inimitable des livres qu’il cisèle jour après jour, et qu’il veut bien, parfois, faire paraître, tel « Un flic bien trop honnête ».

Par  (Envoyée spéciale à Nouzonville (Ardennes))

Publié le 13 juin 2021 à 09h00

Temps de Lecture 8 min.

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L’écrivain Franz Bartelt, à Nouzonville (Ardennes), en 2012.

« Il ne fallait pas vous donner cette peine », dit Franz Bartelt, à la sortie de la gare. Aller le voir chez lui, dans les Ardennes, alors qu’un coup de téléphone eût suffi… Assurément pas. D’autant que l’écrivain tire d’ici matière et décor de tous ses livres. Depuis quarante ans, il puise son inspiration dans cette contrée de rivières et de sapinières, qu’il dépeint avec tendresse. Il s’agit d’une terre de traditions et d’immigration, rimbaldienne et désolée, excessive et ordinaire, figurant aujourd’hui dans Un flic bien trop honnête, son nouveau roman. Peut-être l’unique réalité tangible de ses récits.

« Il est d’origine allemande, moi italienne, s’amuse sa femme, Philomène, et on vit rue de Russie, à deux pas de la Belgique. » A Nouzonville, 5 000 âmes, une seule usine encore en activité, le couple occupe une maison avec jardin luxuriant en terrasse et potager en contrebas. Au troisième étage, les stores sont tirés. Peut-on jeter un œil à son bureau-bibliothèque haut perché ?, demandons-nous à Franz Bartelt. « Interdit. Personne n’y a jamais mis les pieds. C’est mon domaine. »

« Disons que je suis souriant »

Pas grave. Un franc soleil éteint, ce jour-là, toute volonté d’enfermement, comme toute mélancolie. Rien, dans le caractère de Franz Bartelt ni dans ses livres, ne porte à la gravité. S’il tient le noir pour la couleur naturelle des mœurs humaines, il estime aussi que la vie ressemble à une farce, qu’elle prête souvent à rire. « Je ne me lève pas en chantant et ne me couche pas en chantant, tempère-t-il. Disons que je suis souriant. Je ne veux pas me miner. » Ce serait une perte de temps, ajoute le jeune septuagénaire. En cela, Franz Bartelt se révèle conforme au ton inimitable de ses livres. L’auteur n’a, de son propre aveu, nul goût du drame, même s’il en a eu sa part.

Chaque jour, il se réveille à 4 heures du matin. S’ensuivent quatre heures de lecture, soit un livre de pagination moyenne par jour. Puis écriture jusqu’à 18 heures, midi le dimanche. Coucher tôt. En semaine, il ne boit pas une goutte d’alcool afin de garder « l’esprit clair ». Sa drogue ? Une grille quotidienne du verbicruciste Michel Laclos (1926-2013). « C’est de la poésie, une certaine philosophie du langage. »

Chez Bartelt, l’extravagance rime avec la distance, l’ébriété de l’imagination avec la sobriété du style. Vers l’âge de 20 ans, le romancier a édicté une série de règles d’écriture auxquelles il n’a cessé de souscrire, délibérément ou inconsciemment : ne pas prendre parti pour un personnage ; n’introduire aucune date ou lieu réel dans le récit ; nulle référence à un événement historique ; pas de citations ni de dédicaces. Sous sa plume, il ne sera jamais question d’hôpital ou de maladie. Ses protagonistes sont par essence de bons vivants. Ils se portent bien, y compris le cul-de-jatte d’Un flic bien trop honnête.

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