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Deborah Levy : « Je me sens transformée depuis l’écriture d’“Etat des lieux” »

L’écrivaine britannique, saluée en 2020 pour « Ce que je ne veux pas savoir » et « Le Coût de la vie », clôt sa trilogie autobiographique avec « Etat des lieux » – une célébration de la liberté.

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Publié le 17 octobre 2021 à 20h00, modifié le 30 novembre 2021 à 19h15

Temps de Lecture 9 min.

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L’écrivaine britannique Deborah Levy, à Paris, en 2021.

Toute lectrice, tout lecteur de Deborah Levy qui rêve de la rencontrer peut décrire avec précision le cadre où se tiendrait la conversation idéale. Ce pourrait être près d’un poêle en fonte dans un cabanon au fond d’un jardin. Autour de spritz servis dans des coupes givrées à Londres. Ou encore sous le grenadier d’une vieille maison au bord d’un lac.

Trois possibilités, toutes extraites de la trilogie autobiographique de l’écrivaine britannique, dont le dernier tome, Etat des lieux, vient de paraître en France, un an après Ce que je ne veux pas savoir et Le Coût de la vie (Le Sous-sol, prix Fémina étranger 2020).

D’autres fantômes

Ce lundi ensoleillé mais frais de septembre, c’est dans un appartement parisien de la rive gauche, où elle loge temporairement, que nous retrouvons Deborah Levy, tout juste rentrée de Manosque, où elle participait au festival des Correspondances. « Il faisait si chaud, le ciel était si bleu », dit-elle, enchantée, entre autres, par sa visite du Paraïs, la maison aux volets verts de Jean Giono (1895-1970). Sa bibliothèque l’a épatée : « Elle contient une édition originale d’Ulysse et un livre dédicacé de Martin Heidegger, qui lui a rendu visite. »

C’est à la traque d’autres fantômes, dans d’autres maisons, que Deborah Levy consacre Etat des lieux, venu clore son « autobiographie en mouvement », comme elle la désigne. A Paris, à Londres, à Bombay, à Hydra… mais aussi dans la maison qu’elle aura un jour « près d’un lac ou de la mer » et à laquelle elle voue ses rêveries. Une vieille demeure majestueuse avec des fontaines et des puits, qu’elle dessine avec la précision d’un architecte mais défait aussitôt, en propriétaire indécise.

Comme dans ses précédents ouvrages, Deborah Levy procède à un récit de soi fragmentaire, mêlant essai féministe, récit de voyage, réflexions philosophiques et souvenirs. « Pas une autobiographie conventionnelle », mais les Mémoires singulières, « écrites au présent », d’une femme qui cherche sa voix et fait de cette quête sa grande aventure intime et littéraire. « Je me sens transformée depuis l’écriture de ce livre. Comme écrivaine et comme femme, j’ai appris à interrompre. Pourquoi devons-nous apprendre à interrompre ? Parce que les autres parlent à travers nous, parlent pour nous. Puis, j’ai appris à m’imposer en élevant la voix. Enfin, j’ai trouvé ma voix, et elle n’est pas forte du tout. »

Une conquête exaltante de l’autonomie et de la solitude

Après les années africaines et l’exil (elle a passé une partie de son enfance en Afrique du Sud, où son père, membre du Congrès national africain [ANC], interdit sous l’apartheid, fut emprisonné), après le mariage dans lequel elle s’est consumée et son divorce douloureux, l’amorce de la soixantaine, chez Deborah Levy, ressemble à une conquête exaltante de l’autonomie et de la solitude. Dans ce tome bâti comme un refuge, l’autrice célèbre la liberté, l’amitié et les voyages – réels ou immobiles : « Etat des lieux est un inventaire : où sommes-nous maintenant ? Où en sommes-nous maintenant ? » Elle chantonne : « Where are we now/ The moment you know/ You know, you know/ As long as there’s sun. »

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