Il n’aura fallu que 48 heures pour que la Super Ligue tourne au super fiasco. La colère des supporteurs de football et les menaces de l’UEFA auront eu raison de ce projet de compétition fermée souhaité par douze des plus grands clubs européens pour concurrencer la Ligue des champions. La prestigieuse coupe d’Europe a donc assuré sa survie pour quelques années encore, tandis que l’édition en cours se poursuit normalement (le Paris-Saint-Germain, vaincu 1-2 à l’aller, retrouve Manchester City mardi pour la demi-finale retour).
C’est en 1992 que l’UEFA transforme sa Coupe des clubs champions, existant depuis 1955, en Ligue des champions. Pour l’occasion, elle se pare d’un nouveau logo et d’un hymne officiel. « Grâce à ce nouvel emballage, l’UEFA veut écarter la menace d’une compétition européenne gérée par les plus grands clubs du continent, et qui aurait pu lui échapper. Avec la Ligue, elle tient désormais un petit championnat d’Europe des clubs, qu’elle souhaite plus spectaculaire – et plus rémunérateur – que l’ancienne formule », écrit Jérôme Fenoglio, le 27 novembre 1992, à la suite d’un compte rendu de match de l’Olympique de Marseille (futur vainqueur de l’édition) face aux Glasgow Rangers.
Si elle oppose toujours les clubs titrés dans leur championnat respectif, la Ligue des champions instaure une phase de groupe, plutôt qu’une suite de matches éliminatoires. De quoi réduire l’incertitude sportive. « Le principe d’égalité qui voulait que le champion des îles Féroé parte à peu près sur la même ligne que celui d’Italie a été éliminé. Depuis quatre ans, chaque modification de la Ligue des champions a été calculée pour en renforcer l’élitisme et multiplier les affiches de haut niveau », se désole ensuite Jérôme Fenoglio, le 1er novembre 1995.
Une première tentative de Superligue
D’autant que cette année-là, les audiences de la Ligue des champions ne sont pas au rendez-vous. La faute à l’absence des puissants AC Milan, FC Barcelone, Manchester United et Bayern Munich, qui n’ont pas remporté leur championnat. « Les Français assisteront à un Aalborg-Nantes très loin de l’émotion des grandes soirées de Coupe d’Europe. (…) La logique élitiste de la Ligue a été prise en défaut par le sport », s’amuse le journaliste. Voilà pourquoi une nouvelle réforme invite, en 1997, les vice-champions des huit plus grands championnats à participer à la compétition, au détriment du tenant du titre slovène ou finlandais par exemple.
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