Bruit de fonds
En attendant la réouverture des lieux culturels existants, pourquoi ne pas en baptiser de nouveaux ? Le 6 mai, à Romainville, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, et Roselyne Bachelot, ministre de la culture, ont ainsi inauguré les réserves du FRAC Île-de-France. En Seine-Saint-Denis, le fonds régional d’art contemporain stockera près de 2 000 œuvres, et organisera des expositions dans des espaces ouverts au grand public. A partir du 19 mai. Si tout va bien.
Air du large
Pour ce grand moment de culture, Roselyne Bachelot avait enfilé, comme à son habitude, une remarquable tenue. Ainsi, son ensemble tailleur-pantalon rose poudré apparaît ici si ample qu’il nous rappelle les zoot suits portés dans les années 1930-1940 par les zooter, ces jazzmen et amateurs de jazz particulièrement soucieux de leur style. Les costumes en question étaient même si larges, et si gourmands en tissu, qu’ils finirent par être interdits à partir de 1940, en raison de l’effort de guerre. Heureusement pour Roselyne Bachelot, la situation actuelle est compliquée, mais peut-être pas à ce point.
Ajustement culturel
A l’inverse de Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse avait opté pour un tailleur-pantalon noir ajusté, bien plus économique en tissu et bien plus discret. Il nous permet de rappeler que, si le noir fut longtemps la seule couleur que les hommes avaient le droit, selon les conventions, de porter en soirée ou lors de mondanités, c’était dans le but de laisser aux femmes le bénéfice de la couleur, et ainsi s’assurer de les mettre en valeur.
Piste noire
On notera que la présidente du FRAC et son directeur portaient eux aussi un ensemble tailleur-pantalon noir. De même, ils portaient tous les deux des Chelsea boots noires identiques à celles de Valérie Pécresse. Tarif de groupe ? Phénomène de mode ? Envie d’afficher une forme d’unité ? A ce stade, aucune piste n’est à exclure. Pas même celle d’une volonté commune de laisser à Roselyne Bachelot le bénéfice de la couleur, pour mieux la mettre en valeur. Même si on a un peu de mal à y croire.
Côté obscur
Enfin, au risque de gâcher un peu l’ambiance de cette sauterie, comment ne pas rappeler qu’avant de désigner l’outil de travail des peintres, et un support bien pratique pour les plaques commémoratives, le terme « chevalet » recouvrait une fonction bien plus sombre. Avant le XVIIIe siècle, « chevalet » désignait l’outil de torture par écartèlement. On allongeait l’accusé sur une table, on attachait ses pieds et ses mains à deux cylindres que l’on faisait glisser jusqu’à entendre le corps craquer… Certains chevalets étaient même équipés de lames destinées à lacérer le dos de l’accusé. Des fois que l’écartèlement n’eût pas suffi.
Contribuer
Réutiliser ce contenu