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Jordan Bardella, la tête bien lisse du Rassemblement national

Avec son profil de gendre idéal, le jeune candidat RN aux régionales en Ile-de-France tranche avec les militants historiques du parti. Mais, sur le fond, les thèmes restent les mêmes : insécurité, immigration, islamisme. Ce nouveau visage souriant entend bien parachever l’œuvre de « dédiabolisation » du mouvement d’extrême droite.

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Publié le 13 juin 2021 à 04h15, modifié le 13 juin 2021 à 13h14

Temps de Lecture 15 min.

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Jordan Bardella sur le marché de Meaux (Seine-et-Marne), le 29 mai 2021.

C’est vrai qu’il est sympa. Le grand jeune homme est courtois, vif, souriant, drôle quand il le veut, toujours soigneusement mis, parfaitement à l’aise à la télé et incontestablement plein de talents : Jordan Bardella a une bonne tête, pour une tête de liste aux régionales. C’est désormais un personnage politique de premier plan ; il s’est hissé en quelques années à la vice-présidence du Rassemblement national (RN), le premier parti de France, et pourrait, à 25 ans, en occuper un temps la présidence en septembre, quand Marine Le Pen prendra du champ pour la présidentielle.

Même ses adversaires les plus résolus lui reconnaissent quelque mérite. « Il est intelligent, il est brillant, il a un vrai parcours politique, convient Valérie Pécresse, la présidente sortante du conseil régional d’Ile-de-France, contre laquelle il vient de porter plainte pour diffamation à la suite d’accusations portées contre des membres de sa liste. Ça fait de lui un personnage plutôt romanesque. Mais avec des zones d’ombre et plus d’obscurité que de clarté. » Il y a effectivement un mystère Bardella.

Le jeune homme incarne parfaitement l’image d’un RN propre, fréquentable, « dédiabolisé », et, s’il ne cède rien sur les thèmes de l’extrême droite, il n’a pas grand-chose à voir avec la troupe de crânes rasés qui a longtemps encombré les rangs du FN. Il accepte le mariage pour tous, est favorable à l’autorisation du cannabis à usage thérapeutique, ne pense pas que la Shoah soit un détail de l’histoire. On chercherait en vain une vraie casserole qu’il traînerait depuis le début de sa courte vie.

L’agent tout risques

Il est devenu l’homme des missions périlleuses. Aux régionales, il n’était censé être que directeur national de campagne. « La réalité, c’est que les sondages étaient extrêmement mauvais en Ile-de-France, explique Marine Le Pen. Je lui ai dit qu’il m’apparaissait que la seule personne susceptible de faire plus de 10 % dans la région, c’était lui. » Bardella n’a pas été difficile à convaincre. « Des dirigeants du mouvement disaient : “Il risque d’abîmer son image”, explique la présidente. Ce à quoi il a répondu que, s’il n’allait pas dans les endroits difficiles à 25 ans, quand irait-il ? J’ai trouvé sa réaction plutôt honorable. » Les sondages oscillent aujourd’hui entre 18 % et 21 %.

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L’enjeu était bien plus crucial pour les européennes. Ce jour de la fin de l’année 2018, il pousse la porte du bureau de Marine Le Pen à Nanterre, pour lui faire valider quatre malheureux visuels du Front national de la jeunesse (FNJ). La présidente a l’air grave, le fait asseoir et lui dit un peu solennellement : « Voilà, le mouvement souhaiterait te confier la tête de liste aux européennes. » Elle lui dit que c’est son souhait, qu’elle essaie de convaincre les plus réticents, Nicolas Bay, alors président sortant du groupe lepéniste au Parlement européen, ou Louis Aliot, un poids lourd du parti, qui s’estime le mieux placé.

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