Discorde beige
Ce devait être une conférence de presse présidentielle comme les autres, quelques chiffres à égrener, quelques réflexions à livrer, dans l’East Room de la Maison Blanche, et puis rideau. Mais non. Le 6 août, Joe Biden s’est présenté devant les médias américains vêtu d’un costume beige inédit, prenant un risque à la fois vestimentaire et politique. Car la dernière fois qu’un président américain s’était affiché ainsi vêtu, une polémique avait éclaté. C’était Barack Obama, en 2014. De nombreux membres du Parti républicain lui avaient reproché d’« abîmer la fonction présidentielle ». Ni plus ni moins.
Faux pas en Richelieu
Nous nous contenterons, pour notre part, d’émettre des réserves purement stylistiques. Ainsi, comment ne pas s’étonner du choix d’un costume trois boutons plutôt que d’un modèle à deux boutons, plus moderne ? De même, comment ne pas remarquer qu’une chemise bleu ciel aurait été, ici, bien plus élégante qu’une chemise blanche ? Enfin, surtout, comment ne pas regretter le choix de cette paire de Richelieu marron, bien moins appropriée, en de telles circonstances, qu’une paire noire ? La fonction présidentielle nous semble, malgré tout, parfaitement intacte.
Tapis d’exception
Puisque nous parlons chaussures, arrêtons-nous quelques instants sur le tapis foulé par Joe Biden. Commandé en 1990 par Barbara Bush pour protéger le parquet en chêne de l’East Room, et installé cinq ans plus tard lors des rénovations de la pièce entreprises sous les Clinton, ce tapis est inspiré des moulures ornant le plafond. Fabriqué par le tisseur new-yorkais Edward Fields Inc, il fut facturé à l’époque 259 330 dollars à la Maison Blanche. Acquitter une telle somme exigea de faire appel à des donateurs privés.
Dessous de rideaux
Les livres de comptes de la Maison Blanche étant particulièrement détaillés, nous en savons beaucoup aussi sur les rideaux en soie dorée ornant la pièce, et leur prix non négligeable. Ainsi, leur fabrication et leur installation, en 2003, ont coûté près de 200 000 dollars. Une addition là aussi réglée par des donateurs privés. Qui étaient-ils ? Qu’ont-ils obtenu en échange ? Sur ce point, la Maison Blanche est moins diserte, mais on sait que, sous Kennedy notamment, les riches hommes d’affaires utilisaient volontiers ce ressort financier pour obtenir un entretien avec le président…
La toile et le modèle
Salle importante de la Maison Blanche, qui accueille des conférences de presse mais aussi des cérémonies officielles, des mariages ou des concerts (Mick Jagger en 2012), l’East Room est ornée de nombreux tableaux, parmi lesquels le portrait de George Washington peint par Gilbert Stuart en 1797. Le portrait de Theodore Roosevelt, daté de 1903, est bien moins célèbre. Mais il a le mérite de nous rappeler que le noir fut longtemps la seule couleur envisageable pour les costumes d’un président américain. En l’occurrence, Roosevelt se fournissait chez Brooks Brothers et personne d’autre.
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