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« Pleasure », les dessous du porno américain

Pour son premier film, proche du documentaire, la réalisatrice suédoise Ninja Thyberg a longuement enquêté sur le « Hollywood du X », en Californie.

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Publié le 19 octobre 2021 à 07h00

Temps de Lecture 2 min.

Une scène du film, dont le premier rôle est tenu par Sofia Kappel (la jeune femme blonde), seule actrice non issue du monde du X.

Le romantisme n’est pas le sujet de Pleasure, premier film de la réalisatrice suédoise Ninja Thyberg. Une absence tenant autant à son sujet – une Suédoise de 20 ans débarque à Los Angeles avec l’intention de devenir une star du porno – qu’au traitement choisi par la réalisatrice : sec, aride, cruel, documentaire, aux antipodes du titre choisi. Contrairement à son titre, Pleasure met en scène le spectacle de l’anti-plaisir. Le film trouve son origine dans le court-métrage du même nom que la réalisatrice avait présenté en 2013 à la Semaine de la critique du Festival de Cannes.

« Il y a des individus de toutes sortes dans le porno. J’ai vu des plateaux éprouvants, mais d’autres où tout le monde s’épanouissait. » Ninja Thyberg

Pendant ses études à la London University, département Gender Studies, Ninja Thyberg avait écrit un mémoire sur le cinéma porno. « J’ai examiné les vingt extraits pornos les plus regardés de l’année 2011 sur les sites de streaming, afin de comprendre ce qui se jouait à l’écran : qui se déshabille ? Qui regarde la caméra ? Tout ça en vue de comprendre comment se nouaient les relations de pouvoir entre hommes et femmes. » Avec une question centrale : celle de la place des femmes… mais aussi celle des hommes.

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« Les femmes ne sont jamais protagonistes, elles sont transformées en objet et, en général, déshumanisées. Mais les hommes le sont tout autant : on voit rarement leurs visages, ils n’expriment aucune émotion, sauf, parfois, pendant l’orgasme. Le spectateur a plus facilement tendance à s’identifier à la femme puisque celle-ci exprime ses sentiments. Je me suis beaucoup intéressée aux acteurs, à leur préparation sur un tournage, à tout ce qui concerne le hors-champ ou à ce qui se passe à côté du film ; ce que nous ne verrons jamais à l’écran et que je voulais mettre en scène. »

A partir de 2014, Ninja Thyberg passe cinq ans entre la Suède et la Californie, plus précisément dans la San Fernando Valley, où se situe le « Hollywood du X ». Là-bas, elle rencontre des actrices, acteurs, réalisateurs, producteurs, agents, assistants… Elle va même jusqu’à loger dans une de ces model houses, ces maisons communautaires où les actrices du porno habitent ensemble. « Il y a des individus de toutes sortes dans le porno. J’ai vu des plateaux éprouvants, mais d’autres où tout le monde s’épanouissait. J’ai cessé de regarder les actrices comme des victimes. Des filles jeunes sont exploitées, mais d’autres font carrière. Elles sont très intelligentes, stratèges, ce sont des femmes d’affaires et des athlètes sexuelles. Elles s’entraînent dur pour accomplir des choses que le commun des mortels serait bien incapable de faire. »

A l’exception de l’actrice principale, la débutante suédoise Sofia Kappel, les comédiens de Pleasure appartiennent tous à l’industrie du porno (acteurs, producteurs, agents), le plus souvent dans leur propre rôle. « J’ai envisagé des acteurs étrangers au X, mais ils n’étaient jamais aussi bons que les professionnels. » En participant au film, ces derniers marquent aussi leur volonté de dénoncer les pratiques violentes de nombreux tournages et obtenir de meilleures conditions de travail.

Pleasure, de Ninja Thyberg. Avec Sofia Kappel, Kendra Spade, Dana DeArmond. 1 h 45. En salle le 20 octobre.

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