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Dans les « Villes et villages fleuris », adieu aux géraniums, place aux vivaces !

« Flower Power » (3/6). Notre rapport aux fleurs se renouvelle. Le « label national de la qualité de vie » vit sa révolution écologique. Les communes jouent la biodiversité et l’ornement durable, moins cher et moins gourmand en eau.

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Publié le 30 juillet 2021 à 17h00, modifié le 24 mai 2022 à 15h01

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Il semble là depuis toujours, planté bien droit aux entrées de villes. Familier et énigmatique à la fois, ancré dans l’inconscient collectif et témoin d’un processus dont les citadins ignorent tout. Même les fleurs qu’il arbore, alignées au cordeau, hésitent entre tulipe, rose et coquelicot. Le panneau « Villes et villages fleuris », cette étrangeté française.

Agapanthe (Agapanthus).

Elles sont très exactement 4 462 communes (sur 34 968) à exhiber ainsi le « label national de la qualité de vie ». Passer derrière le panneau, c’est se téléporter dans la France des JT de mi-journée sur la première chaîne. Celle des villages couverts de rosiers grimpants, parsemés de roses trémières, des ronds-points à brouettes fleuries, des inusables bénévoles de comités d’embellissement qui bouturent et plantent avant l’apéro saucisson.

Modèle alsacien

Et voilà soixante-deux ans que cela dure, madame ! En 1959, Robert Buron, ministre du tourisme et des transports du général de Gaulle, lance le concours « Fleurir la France » dans l’espoir que les tas de fumier cèdent la rue aux géraniums, sur le propret modèle alsacien. Succès immédiat de la « propagande touristique », jamais démenti depuis. Le label « Villes et villages fleuris », devenu associatif (financé par les adhérents et l’interprofession horticole), brasse les milliers de candidatures en jouant du millefeuille administratif : les communes postulent auprès des départements, qui proposent aux régions, qui ensuite attribuent jusqu’à « 3 Fleurs ». Pour la quatrième, distinction suprême (avec la « Fleur d’or », Graal millésimé), un jury national se déplace, tous les trois ans.

A écouter Martine Lesage, directrice du label depuis 1978, raconter par le menu la mobilisation générale précédant cette inspection, « les courriers aux habitants suggérant de rentrer les poubelles, la banderole de bienvenue au jury national, le buffet en mairie », et « l’indignité » que représente une rétrogradation sur l’échelle florale nationale, l’on mesure l’enjeu. « Quand tu dis où tu habites, on te répond : « Ah oui, le beau petit village fleuri ! » », rapporte Charlène Carpentier, pharmacienne à la retraite et adjointe au fleurissement à Saint-Josse-sur-Mer (Pas-de-Calais), bourgade dont l’identité tient aux « 4 Fleurs depuis quarante-cinq ans ».

« Aujourd’hui, on dépense moins et on fait mieux, avec moins d’eau et un aspect plus naturel.  » Martine Lesage, directrice du label « Villes et villages fleuris »

A Juvigné (Mayenne), qui n’en compte pas moins, il semble à tous évident que c’est « grâce au label que le village a pu devenir une destination touristique pour la journée, notre musée de l’évolution agricole n’aurait sans doute pas suffi »… Malgré le confinement, les jardiniers d’Alès (Gard) se sont démenés pour la Fleur d’or, en 2020. Le maire, Max Roustan, y voit le terreau pour un « changement d’image d’une collectivité, d’une ancienne ville minière, noire, en une ville de taille moyenne où il fait bon vivre avec un air respirable et des couleurs » ! La pub dans le métro parisien a suivi. Ou comment harponner le slow tourist, les familles et, désormais, les télétravailleurs, en faisant acter par une autorité horticole supérieure la haute qualité environnementale d’un cadre de vie.

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