Il a été beaucoup question de Saint-Just-Saint-Rambert, lundi 7 juin, au procès des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Cette commune de la Loire, dont les 15 000 habitants s’appellent les Pontrambertois – contraction diplomatique des Pontois venus de Saint-Just et des Rambertois, originaires de Saint-Rambert –, possède une salle municipale, L’Embarcadère. Les débats n’ont pas permis de savoir si elle se situe du côté de Saint-Just ou du côté de Saint-Rambert. Peu importe : le 8 mars 2012, L’Embarcadère a accueilli un meeting de Nicolas Sarkozy. Et Saint-Just-Saint-Rambert est devenu le mètre-étalon de Guillaume Lambert.
A l’époque, il était directeur de campagne du président candidat. Aujourd’hui, il est poursuivi pour « usage de faux », « abus de confiance » et « recel » de ce délit, « complicité de financement illégal de campagne électorale » et « escroquerie ». Il lui est reproché d’avoir participé au maquillage des comptes de campagne afin de dissimuler le dépassement du plafond légal – 42,8 millions d’euros, soit près du double des 22,5 millions autorisés.
M. Lambert conteste tout. Cette nomination, dit-il en préambule, il ne s’y attendait « pas du tout ». Jusque-là, l’ancien sous-préfet qui avait passé douze ans dans la marine nationale, était chef de cabinet du président de la République. C’est « par défaut », assure-t-il, qu’à compter de la mi-février 2012, il a été chargé de coordonner l’agenda du chef de l’Etat avec celui du candidat. Ses nouvelles fonctions le placent au cœur de la machine de campagne présidentielle. Chaque matin, il anime une réunion d’agenda – « on débriefe, on partage l’information entre l’équipe de campagne et les cadres de l’UMP [le parti présidentiel devenu Les Républicains] ». Et une fois par semaine, il préside le groupe chargé du suivi budgétaire des dépenses électorales.
« Note d’alerte »
Justement, le 7 mars, à la veille du meeting de Saint-Just-Saint-Rambert, les experts-comptables lui adressent une « note d’alerte » sur le coût des premières réunions publiques du président candidat. « La collecte des dernières informations relatives aux dépenses prévisionnelles, ainsi que la prise en compte des dépenses engagées à ce jour, font ressortir un total de dépenses budgétaires de 23 150 971 euros, montant supérieur de 642 000 euros au plafond légal des dépenses autorisées », écrivent-ils. Les experts-comptables recommandent « une stricte limitation des dépenses », une « renégociation des contrats » et une « interdiction absolue d’engager toute dépense supplémentaire par rapport aux dépenses budgétées ». Cette note, assure Guillaume Lambert, est aussitôt transmise à Nicolas Sarkozy.
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