Le patronat et les syndicats veulent montrer qu’ils savent réfléchir ensemble, sans avoir à se placer dans l’ombre tutélaire de l’Etat. Alors qu’une nouvelle rencontre entre le gouvernement et les partenaires sociaux doit avoir lieu, le 15 mars, à Matignon, les responsables des principales organisations d’employeurs et de salariés ont commencé à jeter les bases d’un « agenda économique et social autonome », différent de celui dicté par l’exécutif à l’automne 2020. Mercredi 3 mars, ils se sont retrouvés en visioconférence pour de premiers échanges communs sur le sujet.
Cette réunion fait suite à un courrier que Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, avait envoyé, le 16 février, à ses homologues patronaux et syndicaux. L’un des objets centraux de cette lettre était d’« entamer une nouvelle approche du dialogue social interprofessionnel », afin de prouver que « le paritarisme peut être renouvelé et qu’il permet d’accompagner les entreprises dans la gestion des transitions », liées au réchauffement climatique et au développement de nouvelles technologies.
Une telle initiative ne semblait pas aller de soi, de la part de M. Roux de Bézieux, souvent dépeint comme une personnalité qui croit plus aux vertus de la négociation à un échelon décentralisé – les entreprises et les branches – que sur la scène nationale. Sa proposition a, par ailleurs, suscité une pointe d’agacement parmi d’autres organisations, comme la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui, en 2019, avait lancé un appel à la refondation du paritarisme, sans déclencher – à l’époque – de grandes marques d’intérêt au Medef, ni chez les autres acteurs sociaux.
« Financer la prévention »
Huit thèmes de discussions ont été mis sur la table par M. Roux de Bézieux. Parmi eux, l’évaluation de la loi de septembre 2018 sur la formation professionnelle, l’amélioration du fonctionnement de la justice prud’homale, l’instauration d’un organisme paritaire de gestion de la branche accidents du travail-maladies professionnelles, l’établissement d’un diagnostic sur les liens entre intelligence artificielle et emploi…
Tous ces sujets ont été passés en revue mercredi, indique M. Roux de Bézieux, pour qui cette première confrontation de points de vue a été « très positive ». Le numéro un du Medef s’est évertué à rassurer ses interlocuteurs syndicaux sur deux dossiers. S’agissant des conseils de prud’hommes, « j’ai bien dit que mon objectif était de chercher les voies et moyens pour les rendre plus efficaces », rapporte-t-il. Autrement dit, pas question de toucher au barème des dommages-intérêts alloués par ces juridictions. Quant à la branche accidents du travail-maladies professionnelles, « ses excédents doivent servir à financer la prévention en matière de santé professionnelle au sens large », affirme-t-il, et non pas à baisser les cotisations patronales, comme certains le craignaient.
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