Le patronat a beaucoup de mal à digérer les dernières annonces gouvernementales pour lutter contre le Covid-19. Les fermetures administratives imposées à des milliers de commerce l’ont, bien sûr, rendu amer. Mais au dépit s’est ajouté le sentiment que les entreprises étaient clouées au pilori, sur la base d’informations inexactes distillées par l’exécutif.
« Si on cite des chiffres, citons les bons », lâche, agacé, Geoffroy Roux de Bézieux. Le président du Medef fait allusion à la conférence de presse organisée le 18 mars par Jean Castex pour dévoiler de nouvelles mesures visant à enrayer l’épidémie. Le premier ministre avait alors affirmé que « la dernière étude réalisée par l’Institut Pasteur montre que [les lieux de travail] représentent 29 % des cas [de contamination] identifiés ».
Ce pourcentage est resté en travers de la gorge de M. Roux de Bézieux car il est « faux ». Invité de l’émission « Les Quatre Vérités », sur France 2, le leader patronal a raconté, mercredi 24 mars, qu’il avait même appelé l’Institut Pasteur « pour vérifier » les propos du chef du gouvernement : renseignement pris, l’étude en question conclut, en réalité, que, sur l’ensemble des personnes interrogées, 45 % indiquent savoir où elles ont été contaminées et, sur ces 45 %, « il n’y en a que 15 % qui pointent un collègue de bureau », comme l’a résumé M. Roux de Bézieux, mercredi. C’est effectivement ce qu’explique ladite recherche, publiée le 9 mars.
A Matignon, on reconnaît sans aucune difficulté que M. Castex a, de bonne foi, commis une erreur. « L’objectif n’était pas de tordre les résultats d’une enquête scientifique, ajoute-t-on. Il n’est pas question de surestimer les infections sur les lieux de travail, ni de les sous-estimer. »
« Une nouvelle paperasse »
Mais ce mea culpa ne dissipe pas le mécontentement parmi les organisations d’employeurs. M. Roux de Bézieux, qui rapporte avoir eu « beaucoup de remontées négatives » de la part d’adhérents au Medef, déplore « une communication assez maladroite » du pouvoir en place. Il y a le faux pas du premier ministre, mais aussi les exhortations d’Emmanuel Macron sur le télétravail. « Il faut au maximum s’y mettre parce que notre objectif, c’est de réduire les contacts », a insisté, mardi, le président de la République, après avoir visité un centre de vaccination et une pharmacie à Valenciennes (Nord). Une « demande » qui part du constat que beaucoup de salariés continuent de se rendre à leur poste alors qu’ils pourraient exercer leur activité à distance.
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