La motion était baptisée « Appel à l’expression d’une politique culturelle de l’enracinement et de l’amour de la France ». Mais elle n’est pas arrivée jusqu’au vote, jeudi 15 avril, devant le conseil de la Métropole Aix-Marseille Provence. Face à la polémique qui enflait et à la demande d’une partie de sa propre majorité, Martine Vassal, présidente Les Républicains (LR) de la collectivité, l’a retirée de l’ordre du jour, évitant un débat public explosif.
L’appel, glissé dans les additifs de la séance plénière, accompagnait une délibération de soutien au projet Rocher Mistral – un « parc culturel et naturel » selon ses concepteurs ; « un Puy du Fou à la sauce provençale », disent ses détracteurs –, qui doit ouvrir en juin sur la commune de La Barben (Bouches-du-Rhône). Il est signé par le président du groupe majoritaire LR-UDI, Une volonté pour la métropole, Jean-Baptiste Rivoallan, élu sur la liste de la sénatrice LR Valérie Boyer, dans le 6e secteur de Marseille.
Sur deux pages, ce texte aux élans ultraconservateurs cible d’abord une « entreprise de déconstruction culturelle » qui vise « à supprimer toutes références valorisantes des racines des peuples occidentaux, à éliminer leurs identités propres, à dénoncer leurs sociétés prétendument patriarcales et racistes ». Il pointe pêle-mêle la « cancel culture », les « adeptes de la culture woke, les indigénistes ou décoloniaux, tout comme les islamo-gauchistes ou tenants de l’islamophobie » qui, écrit M. Rivoallan, « ont décidé de faire payer à l’homme blanc ce qu’il ne leur doit pas ». Le mouvement américain Black Lives Matter, mais aussi les tenants de l’écriture inclusive, y sont fustigés. « Leur finalité commune est grave puisqu’elle est celle de la destruction de l’idéal universaliste de la France, bâti sur les fondations d’une culture gréco-romaine et chrétienne, celui où chacun, quelles que soient son origine ou sa condition, doit pouvoir se reconnaître », écrit l’auteur.
En regard de cette menace supposée, le texte trace une voie pour la métropole d’Aix-Marseille. Celle d’une « culture de l’enracinement et de l’amour de la France », car, explique M. Rivoallan, « la douce France ne peut être qu’aimée, elle qui est mers et montagnes, villages et clochers, traditions et résistances, chevalerie et courtoisie ». « Ce terroir que, de nos jours, un Jean-Pierre Pernaut a su magnifier dans son journal de 13 heures », souligne l’élu marseillais.
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