L’alliance annoncée dimanche pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) entre la liste de Renaud Muselier, actuel président du conseil régional de la région, et celle de Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat aux personnes handicapées de La République en marche (LRM), continue de faire des remous. C’est « un gigantesque aveu de faiblesse », a ainsi estimé François-Xavier Bellamy, eurodéputé Les Républicains (LR), lundi 3 mai, lors d’une interview à Public Sénat.
Après plusieurs semaines de flirt, dans le dessein de faire barrage au Rassemblement national (RN), le premier ministre, Jean Castex, a, en effet, annoncé officiellement, dans Le Journal du dimanche, le retrait de la liste LRM en région PACA au profit du président sortant Renaud Muselier, qui a, dans la foulée, perdu l’investiture LR.
Un choix « contre l’intérêt général »
M. Muselier a été vivement critiqué par son propre camp, d’Eric Ciotti à Valérie Boyer. « A ce jeu-là, on va finir par faire élire [Marine] Le Pen. [Emmanuel] Macron n’est pas le meilleur candidat pour battre Mme Le Pen, c’est même le plus mauvais », a déclaré, lundi, Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, sur Europe 1. Pour lui, Renaud Muselier a fait un choix « contre leur famille politique et contre l’intérêt général ». Un choix qui, selon lui, conduira à l’élection de Thierry Mariani, candidat du Rassemblement national aux élections régionales en PACA.
M. Muselier a réagi lundi lors d’un déplacement dans la vallée de la Roya, au cours duquel il a constaté l’absence de M. Ciotti, selon des propos rapportés par Nice-Matin : « Je ne sais pas où il est. Il devrait être là aujourd’hui. Ceux qui aiment les gens, ceux qui aiment leurs vallées, ils sont là. Ça, c’est la vraie vie politique. » « Y a pas de droite, y a pas de gauche. En fait, j’en ai rien à foutre (…). J’aime travailler avec des gens qui sont honnêtes, qui ont une vision, etc. », a-t-il encore déclaré, selon le journal local.
« Personne ne peut douter de ma loyauté, de ma fidélité à l’égard de ma famille politique », a encore plaidé M. Muselier, rappelant que « le gaullisme, c’est le dépassement des clivages au profit des intérêts du pays » et critiquant également des « déclarations sans nuances qui parlent plus de la présidentielle et des législatives que des intérêts des 5 millions d’habitants de la région ». Il a assuré qu’aucun ministre ne figurerait sur la liste qu’il conduira.
M. Mariani, ancien membre du parti LR, a, quant à lui, considéré que « ce parti [LR] est en train de se fourvoyer » . Il a ajouté, au cours d’une interview accordée, lundi, à BFM-TV - RMC que son « parcours (…) est celui de beaucoup d’électeurs de cette région qui ont cru, à un moment, en la droite et qui s’aperçoivent qu’à chaque fois on fait des discours très fermes mais que, quand on est au gouvernement, on ne les applique pas ».
Des Républicains « irréconciliables »
« Cet accord est l’acte de divorce définitif entre deux parties des Républicains qui étaient irréconciliables (…) depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, où certains ont refusé de choisir entre le Front national et Emmanuel Macron, et d’autres qui ont fait le choix de soutenir Emmanuel Macron », a, pour sa part, constaté le ministre de l’économie et des finances et ancien membre du parti LR, Bruno Le Maire, lundi matin sur RTL. Il a salué le « courage » de Renaud Muselier en concluant : « Ce qui compte, c’est les solutions que nous apportons aux Français, (…) le bien-être des Français, la puissance de la Nation, pas la droite ou la gauche. »
Pour Christophe Castaner, il y a « une droite progressiste qui veut faire avancer le pays et une qui cherche à maintenir ses chapelles », a-t-il jugé sur France Inter. Sans parler de divorce, le patron des députés de la majorité a employé les mêmes termes de « deux droites irréconciliables », s’inspirant de « gauches irréconciliables » décrites par l’ex-premier ministre Manuel Valls en 2016. M. Castaner a appelé de ses vœux d’autres alliances dans d’autres régions.
Privé par LR de l’investiture pour les régionales, M. Muselier a assuré qu’il n’avait « jamais demandé » cette investiture, mais « le soutien » de son parti, qui doit tenir mardi un comité stratégique largement consacré à la question de l’éventuelle présentation d’une liste LR face à M. Muselier.
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