Le président de la région Guadeloupe, Ary Chalus, membre de La République en marche (LRM) mais élu en 2015 à la tête d’une liste classée divers gauche, a été placé en garde à vue, mardi 11 mai, à la direction interrégionale de la police judiciaire de Morne Vergain, aux Abymes, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « abus de confiance, complicité de détournement de fonds publics et financement illégal de campagne électorale ». Il en est ressorti trente-quatre heures plus tard, mercredi 12 mai, sans qu’aucune charge n’ait été retenue à son encontre, a fait savoir son avocat, Christophe Samper.
Deux autres personnes ont été placées en garde à vue : un conseiller municipal de Baie-Mahault et le trésorier de l’Alliance baie-mahaultienne, association dont le local sert de permanence à M. Chalus et avait été perquisitionné le 29 avril. Selon le procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, « les investigations vont prendre un peu de temps mais on va faire en sorte que la décision sur ce dossier soit rendue dans les meilleurs délais possibles ».
Les faits sur lesquels porte l’enquête remontent à la campagne des élections régionales de 2015, lors de laquelle le maire de Baie-Mahault s’était présenté à la tête d’une alliance regroupant Guadeloupe unie, socialisme et réalités (GUSR, devenue depuis Guadeloupe unie, solidaire et responsable), des personnalités de droite – dont la maire de Basse-Terre, Marie-Luce Penchard (Les Républicains, LR), ancienne ministre de l’outre-mer de Nicolas Sarkozy –, ainsi que des nationalistes et des socialistes dissidents. Une sorte de « macronisme » avant l’heure. Il avait alors battu le président sortant socialiste, ancien ministre des outre-mer sous François Hollande, Victorin Lurel.
Climat politique pollué
Même si, pour l’heure, l’enquête n’a débouché sur aucune conclusion judiciaire, ce nouvel épisode n’en risque pas moins de polluer le climat politique à un peu plus d’un mois des élections régionales et départementales des 20 et 27 juin. Une semaine plus tôt, c’était la présidente du conseil départemental, Josette Borel-Lincertin (Parti socialiste, PS), qui avait été auditionnée dans les mêmes locaux de la police judiciaire, ainsi que sa vice-présidente et son directeur de l’office de l’eau, à la suite d’une plainte déposée par la CFTC.
La vie politique guadeloupéenne, sur fond de rivalités aiguës entre ses principales composantes, ne cesse d’être émaillée de péripéties politico-financières. Bien que n’occupant plus de fonctions politiques depuis qu’elle a démissionné en 2019 de son dernier mandat de présidente de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe, la très chiraquienne Lucette Michaux-Chevry, 92 ans, condamnée à de multiples reprises par la justice, avait déjà été auditionnée en juillet 2020 dans le cadre d’une enquête portant sur le financement de la campagne électorale régionale de M. Chalus et… de sa fille, Mme Penchard.
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