Rares sont les régions de France qui offrent des paysages aussi divers. En Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), le visiteur trouve de tout : une mer se déploie à l’ombre de majestueuses montagnes enneigées. La plage au pied des stations de ski. La droite locale est à l’avenant, présentant depuis quelque temps aux électeurs des visages aussi contrastés que la topographie du coin. Au point que certains estiment qu’il existe dans la région « deux droites irréconciliables », aussi opposées que mer et montagne. Une situation rendue évidente par le drame en plusieurs actes déclenché par le président de PACA et candidat à sa propre réélection, Renaud Muselier, lequel s’est proposé de mener une liste unique regroupant droite et majorité présidentielle au scrutin régional des 20 et 27 juin.
Il n’en fallait pas plus pour que fusent accusations de trahisons, indélicatesses verbales et autres refus de soutien de tous les côtés au sein du parti Les Républicains (LR) local, ouvrant une crise sans précédent pour le mouvement. En écho à la fêlure, bientôt la faille, qui lézarde le parti tout entier.
D’un côté ceux qui estiment pouvoir travailler avec le président de la République, de l’autre les tenants du « ni Marine Le Pen ni Emmanuel Macron ». Les premiers, emmenés par le maire de Nice, Christian Estrosi, qui n’a jamais caché sa volonté de travailler en bonne intelligence avec le gouvernement, regroupent des personnalités comme Renaud Muselier, mais aussi le maire de Toulon, Hubert Falco. S’ils ont quitté le parti, les édiles des deux grandes villes du Sud demeurent des personnalités-clés de la droite.
Les seconds n’ont pas forcément été ministres comme les précédents, mais comptent des figures nationales de premier plan, comme le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Entre les deux camps, peu de vraie « divergence idéologique », souligne un élu local, mais une vraie « fracture tactique ». Le tout sur un fond de rivalités, voire de haines recuites entre des personnalités voisines, comme Eric Ciotti et Christian Estrosi.
« Ce n’est pas ma droite »
Interrogé le 13 juin par Le Journal du dimanche (JDD), Renaud Muselier s’est fait prophète : « La perte de Provence-Alpes-Côte d’Azur peut conduire à la mort de la droite. » Selon lui, si le Rassemblement national (RN) et sa tête de liste locale, Thierry Mariani, gagnent la région, comme le prédisent les sondages depuis plusieurs semaines, « tout l’équilibre démocratique français sera en danger. Tout ce qui a constitué le corpus idéologique de la droite s’écroulera d’un coup ».
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