En tant qu’ancien militaire, Franck Briffaut n’a pas pour habitude de prendre de détours. « Monsieur le président est en campagne électorale ! Tout le gouvernement l’est. Ils sont inquiets. » Le maire de Villers-Cotterêts (Aisne), militant du Rassemblement national (RN, ex-Front national) depuis 1977 – et admirateur de Jean-Marie Le Pen –, s’amuse de la visite dans sa ville d’Emmanuel Macron, jeudi 17 juin, à trois jours du premier tour des élections régionales et départementales. L’Aisne, comme la région des Hauts-de-France, se trouve sous la menace d’une potentielle victoire du parti d’extrême droite.
Pour la troisième fois depuis 2017, le chef de l’Etat arpente les rues de cette ville où il a décidé de faire rénover le château de la Renaissance pour y ériger une « cité internationale de la langue française ». Un outil de « reconquête d’une région qui a pu se sentir abandonnée », vante l’Elysée ; l’inauguration est prévue en mars 2022, à quelques semaines de l’élection présidentielle. « Je devais faire fuir les gens, mais tout le monde vient à Villers-Cotterêts, c’est merveilleux !, raille Franck Briffaut. A chaque campagne électorale, M. Macron me fera l’honneur de sa visite. »
Officiellement, pourtant, le président de la République « n’interfère pas » dans le scrutin des 20 et 27 juin. Son « tour de France » post-crise sanitaire, qui l’a déjà vu passer par le Lot et la Drôme, ne viserait pas à labourer le terrain des candidats de la majorité, ni à assurer un tour de chauffe en vue de la présidentielle. « Je continue simplement mon travail pour la nation, affirme Emmanuel Macron. La situation du pays requiert d’être pleinement mobilisés. On ne peut pas être dans l’abstention du travail. »
Mais comme son plan de réformes pour les derniers mois du quinquennat n’est pas encore arrêté – il sera dévoilé début juillet –, le chef de l’Etat profite de la période pour tester sa popularité lors de bains de foule, parfois au bras de son épouse, Brigitte Macron. En face, Marine Le Pen en fait de même avec les candidats RN.
« Pèlerinage intime »
Jeudi, donc, cette nouvelle étape du « tour de France » passait par la Picardie, pour reprendre l’ancien nom de la région encore utilisé par l’Elysée dans l’agenda présidentiel. L’occasion de poser le quadragénaire, originaire d’Amiens, en authentique provincial, loin de l’image du « Parisien », représentant de la « France heureuse de la mondialisation », que ses adversaires lui accolent.
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