Vivait-on le dernier soubresaut d’un mouvement estival ou le début d’un feuilleton polluant la rentrée gouvernementale ? Depuis le palais de l’Elysée, on scrutait avec attention les remontées des manifestations, samedi 4 septembre, quelques jours après la rentrée scolaire et le retour des vacanciers à Paris. « La composition est très hétéroclite, le soutien de l’opinion baisse et les Français seront bientôt 50 millions de vaccinés », énumérait, confiant, un conseiller d’Emmanuel Macron. Finalement, la mobilisation en baisse se confirme : environ 140 000 personnes ont manifesté en France selon le ministère de l’intérieur (contre environ 160 000 personnes une semaine avant), dont 18 500 à Paris (un peu plus que le 28 août et ses 14 500 manifestants comptabilisés).
Même minoritaires, ceux qui ont marché dans la capitale rêvent d’inscrire ces rendez-vous dans la durée. Au pied de la Tour Eiffel, Florian Philippot se balance de droite à gauche sur l’air de « C’est bon pour le moral ». « Il n’y a pas d’essoufflement, les gens sont chauds », veut croire le leader des Patriotes et candidat à l’élection présidentielle, qui tenait à faire de ce samedi « un moment fort pour marquer le coup » et relancer la dynamique. « Vous êtes des héros ! », harangue-t-il debout sur un camion, avant de passer le micro à l’avocat Fabrice Di Vizio : « Vous êtes selon le ministre Darmanin 32, selon BFMTV 112, selon la réalité nous sommes des millions partout en France ! »
La petite foule rassemblée sur le Champ-de-Mars se met en mouvement dans un tohu-bohu disparate, où se croisent d’anciens « gilets jaunes », des souverainistes, des abstentionnistes et des familles. Christie, déguisée en Marianne, défile pour la 42e fois depuis le premier rassemblement des Patriotes. Et s’apprête à continuer « tout l’automne, sous la neige et sous la pluie ». « Même s’il faut mille ans ! », renchérit Karim, venu de l’Essonne pour tenir la banderole « Liberté », à deux pas de Florian Philippot, contre la « coronafolie ».
Une majorité suit la vague sans affiliation partisane. « Ne crucifiez pas nos enfants », aperçoit-on sur l’immense croix tenue par François, alias « Jésus ». Cheveux hirsutes et sainte tunique, ce « guérisseur » a mal aux hanches à force de porter son crucifix de 35 kg dans toutes les manifestations depuis 2018. Il en a dégoté une plus légère pour les prochaines semaines. Laëtitia, 42 ans, cadre bancaire habitant le 16e arrondissement, marche avec son fils de 8 ans pour la première fois. Elle sortira chaque samedi jusqu’à ce que le gouvernement « recule ». Cette mère de famille n’a jamais été « antivax » mais « les enfants, c’est autre chose ». « Protégez vos enfants ! », hurle une manifestante dans un mégaphone.
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