RÉGIONALES 2021
En Occitanie, impossible d’imaginer une région sans ailes
Principal employeur industriel de la région, le secteur aéronautique devrait sortir de la crise sans trop de casse, largement aidé par de nombreux dispositifs nationaux et régionaux.
Superficie : 72 724 km2
PIB régional : 173 563 millions d’€ (2018)
Préfecture : Toulouse
Un arc méditerranéen marqué par la pauvreté
Bien que l’Occitanie bénéficie de l’image positive d’une région dynamique, liée à l’attractivité de ses industries aéronautiques, elle souffre de fortes disparités au niveau local. Quatre départements de la région (Aude, Gard, Hérault et Pyrénées-Orientales) comptent parmi les dix départements les plus pauvres de France, et c’est aussi parmi ces départements que l’on retrouve un taux élevé de population couverte par le revenu de solidarité active (RSA).
Trois des cinq départements au plus fort taux de population couvert par le revenu de solidarité active (RSA) sont en Occitanie
Au 31 décembre 2018
Ce contexte social difficile s’illustre par des territoires où le taux de pauvreté dépasse 20 % 
Par ailleurs, sept des vingt quartiers prioritaires les plus pauvres de France sont en Occitanie 
S’ajoute à cela une situation géographique contraignante : la région comprend de larges zones de montagne 
à l’écart
du dynamisme. Conséquence : des zones mal connectée au réseau 
, où moins de 75 % du territoire est relié à la 4G.
Des territoires ruraux et reculés, désertés par les jeunes en faveurs de régions plus dynamiques. Dans certaines zones, les plus de 65 ans représentent plus de 28 % de la population 
Malgré ces difficultés, l’Occitanie reste la région la plus attractive de France
Evolution de la population
entre 2008 et 2018, par intercommunalité, en %
La région accueille 50 000 habitants supplémentaires chaque année, principalement dans les zones déjà fortement urbanisées.
Une attractivité qui provoque un étalement urbain
Cet attrait de la région relègue en périphérie des villes et dans l’arrière-pays les populations vivant déjà dans la région. Entre 1968 et 2016, les villes moyennes ont gagné 10,3 % de population et leur périphérie 33 %.
Evolution de la population
entre 2008 et 2018, par intercommunalité, en %
Coup d'arrêt dans la filière aérospatiale
Temps clair et dégagé, mais quasiment pas un avion dans le ciel occitan. En 2021, le bulletin météo aéronautique n’a jamais été aussi terne depuis 2008. « Une fin d’année difficile en particulier en Haute-Garonne », titrait l’Insee pour sa dernière étude sur la conjoncture économique 2020 en Occitanie. Avec de 20 % à 50 % d’activité en moins et environ 6 800 emplois perdus, dont 4 000 salariés, soit 5,5 % des emplois du secteur, la filière aérospatiale enregistre une chute historique.
Suppressions et menaces de suppressions de postes dans la filière aéronautique
par commune (chaque carré représente 40 emplois)
De lourdes pertes d’emploi dans le secteur de l’aéronautique
En Haute-Garonne, le secteur a perdu près de 10 % de ses effectifs salariés et 33 % de son chiffre d’affaires. Au pays du roi Airbus avec ses 80 000 emplois indirects, les aéroports de la région ont pour leur part connu une baisse de trafic allant de 56 % à 84 %, et même jusqu’à 95 % des vols charters pour rejoindre le site religieux de Lourdes (Hautes-Pyrénées).
L’Occitanie est portée par l’aéronautique, plus particulièrement à Toulouse, mais dans toute la région de grandes entreprises font vivre de nombreux sous-traitants. Parmis eux : 
avionneurs, 
grands maîtres d’oeuvre du spatial et des
motoristes et 
grands équipementiers.
Pas moins de 3,5 % du PIB qui est consacré à la recherche et développement :
Commissariat à l’énergie atomique (20 % R&D public)
Centre national d’études spatiales (15 % R&D public)
CNRS (15 % R&D public)
Une région portée par l’aéronautique
Objet de toutes les attentions, avec 27 % de l’emploi industriel de la région, soit 687 entreprises et plus de 111 000 salariés fin 2018, l’Occitanie respire au rythme des réacteurs. Les chaînes d’approvisionnement des petites et moyennes entreprises (PME), disséminées surtout dans l’ex-Midi-Pyrénées (Lot, Aveyron, Hautes-Pyrénées), font partie des plus touchées, même si 85 % des emplois se trouvent à Toulouse. « Il n’y a aucune comparaison à faire avec Detroit, aux Etats-Unis, et la fin de son industrie automobile », veut croire Nadia Pellefigue, vice-présidente socialiste à la région, chargée du développement économique.
L’emploi tient une bonne place dans la région, et plus particulièrement, l’emploi dans le secteur de l’aéronautique. Toulouse, comme Montpellier font figures de « métropoles des cadres supérieurs » : on y trouve
une
part de cadres au-dessus de la moyenne nationale (9,4 %).
La recherche, par ailleurs, est très concentrée à Toulouse et Montpellier. Quelques chiffres :
63 % des emplois R&D sont à Toulouse
18 % des emplois régionaux conception-recherche sont à Montpellier
Les plans de relance parviennent à maintenir le secteur à flot
« Airbus et Safran ont un genou à terre, nous devons apprendre à vivre moins riches, et renouer les relations avec les élus », avouait, fin mars, Damien Proust, responsable propulsion chez Airbus. Après les annonces alarmistes d’avril 2020, les collectivités se sont jetées au chevet du secteur. Le plan de soutien à l’aéronautique, d’un montant de 15 milliards d’euros, la mise en place du chômage partiel, de l’activité partielle de longue durée ou bien de reports de charges ont maintenu le secteur à flot. Avec son plan Ader, doté de 100 millions d’euros, la région Occitanie a, elle aussi, grandement soigné le convalescent. « Les relations se sont intensifiées, note Nadia Pellefigue. D’abord avec le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, puis avec le réseau des PME qui souffrent le plus. » L’élue signale aussi que ces relations se sont tendues.
« Désormais, ils viennent avec des avocats »
A Gimont, dans le Gers, Latécoère, fournisseur d’Airbus, Boeing, Bombardier, ou encore Embraer, avait menacé de fermer son usine de 150 salariés. Il a fallu une convocation dans le bureau du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, pour que l’entreprise revienne sur sa décision. Seuls 50 postes seront supprimés sur ce site. « On rencontrait régulièrement les industriels lors de réunions. Aujourd’hui aussi, mais, désormais, ils viennent avec des avocats », dit-on du côté du conseil régional. 60 000 dossiers d’aides aux entreprises, au lieu des 10 000 par an habituels, auraient été traités en 2020.
Vers un redécollage de l’économie
L’orage de la crise se dissipant, les carnets de commandes se remplissent et les cadences de productions redémarrent, notamment pour l’A350 et l’A330. Tout le monde se tourne maintenant vers l’avenir de la filière. L’association Tompasse, qui se positionne en think tank et réunit une vingtaine de grands industriels de la filière, vient de lancer son Livre blanc intitulé « Des pistes pour un redécollage de l’économie en Occitanie ». Christophe Cador, son président, met en avant « des mesures qui vont de l’information des PME à la formation, en passant par l’avion vert du futur ou les mobilités décarbonées. Ce qui change, c’est la dimension régionale que nous devons porter davantage ».
Un excellent thème de campagne
Pourtant très implantée sur le territoire, l’industrie aéronautique serait en réalité assez éloignée de ses élus régionaux. « Pour être honnête, on a assez bien traversé la crise, et, en sautant l’échelon régional, on parle surtout avec l’Etat », confie Florent Velechy, délégué syndical central CFTC Airbus. Même constat, teinté de regrets, du côté de la CGT : « Tout le monde parle aujourd’hui de transition écologique et de transports verts, mais les salariés sont toujours aussi peu impliqués » selon le délégué de Toulouse, Maxime Léonard. Le futur avion non pollueur est annoncé avec quinze ans d’avance, avec toutes les évolutions industrielles et d’emplois qu’il implique. Un excellent thème de campagne électorale.