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Au Théâtre de la Bastille, l’autre occupation

La scène parisienne mène des expérimentations impliquant le public et l’équipe du spectacle « Bovary ».

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Publié le 04 mai 2016 à 12h12, modifié le 05 mai 2016 à 08h53

Temps de Lecture 4 min.

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L'équipe de

D’habitude, lorsqu’il voit une pièce de théâtre, David connaît le nom des comédiens. Mais depuis deux semaines, au Théâtre de la Bastille, à Paris, quelque chose a changé : David passe ses après-midi et soirées avec un groupe d’acteurs et les appelle juste par leurs prénoms. Il y a donc Grégoire (Monsaingeon), Jacques (Bonnaffé), Ruth (Vega Fernandez), Raquel (Castro), Miguel (Borges), Alma (Palacios), et aussi un autre David (Geselson). Pour éviter qu’on les confonde, l’acteur se fait appeler David 1 et le spectateur David 2. Tous ces artistes jouent dans la dernière création de Tiago Rodrigues, Bovary, à l’affiche de « Bastille » jusqu’au 26 mai. La pièce est inspirée du procès intenté à Gustave Flaubert en 1857, pour atteinte à la morale et à la religion, au moment de la publication de son roman.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Madame Bovary à la barre

Et quand ils ne sont pas sur scène ? Eh bien, les acteurs travaillent, mais autrement. Dès 14 heures, ils retrouvent l’équipe dans les locaux du théâtre et accueillent un groupe de spectateurs, réunis depuis le début de la saison (ils sont soixante-dix au total). Ensemble, comédiens, employés du théâtre et spectateurs expérimentent des propositions artistiques jusque tard le soir, souvent aux alentours de 23 heures, et parfois même la nuit.

25 heures par semaine

Cette expérience a un nom : « L’Occupation Bastille ». Elle n’a rien de sauvage. Inscrite officiellement dans le programme, depuis le 11 avril et jusqu’au 12 juin, elle a été imaginée par la directrice adjointe du théâtre, Géraldine Chaillou, avec la bénédiction de son directeur, Jean-Marie Hordé. Ce lundi 2 mai, il y avait Camille, abonnée de longue date à « Bastille » et professeure d’art, bientôt à la retraite. Mais aussi Ludovic, jeune technicien de l’image pour Radio France Outremer (RFO), Anne-Marie, retraitée du secteur médico-social, Blandine, jeune psychanalyste… Et David 2, 31 ans, actuellement au chômage, qui travaille à l’écriture d’une bande dessinée. « J’ai du temps, je n’ai raté que cinq ateliers sur la vingtaine qui ont déjà eu lieu. Je fais mes vingt-cinq heures au théâtre par semaine. Maintenant que je connais l’équipe, les personnes de l’accueil, Eve, Lola, etc., rien ne sera plus comme avant », sourit-il, en chaussettes. Il est comme à la maison.

Tiago Rodrigues a un réel talent pour embarquer le public dans son imaginaire, toujours en douceur

Pourquoi fallait-il interrompre le cours des choses, et organiser une « occupation » dans cette scène contemporaine qui ne désemplit pas ? Car justement, il fallait retrouver du sens. Trop souvent, les artistes, les spectateurs et les employés d’un théâtre ne font que se croiser. Les représentations se succèdent, le public s’en va découvrir d’autres œuvres, avec parfois le sentiment pénible d’être un consommateur. Comment favoriser une véritable rencontre ? Avec Tiago Rodrigues, quelque chose était possible. Le metteur en scène portugais, qui dirige à 39 ans le Théâtre national de Lisbonne, est devenu un compagnon de route de « Bastille ». L’artiste a un réel talent pour embarquer le public dans son imaginaire, toujours en douceur. Comme dans son précédent spectacle, By Heart (2014), où il réussissait à faire apprendre un sonnet de Shakespeare au public, tout en racontant ses souvenirs d’enfance.

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