Depuis plusieurs années, les chercheurs s’irritent de l’augmentation importante des prix des abonnements aux revues scientifiques, souvent plus de 5 % par an en moyenne. L’irritation est d’autant plus grande qu’ils travaillent gratuitement pour ces revues, en donnant leur avis avant publication, en participant bénévolement à leurs comités éditoriaux…
Alors, en France, lorsque, le 16 avril, un préaccord sur une baisse des tarifs d’abonnement de 13,3 % a fuité, on pouvait s’attendre à de la satisfaction. Pas tout à fait…
L’accord, révélé par le journaliste Martin Clavey sur son blog, Soundofscience.fr, concerne l’éditeur Elsevier et l’association Couperin. Le premier est le leader mondial de l’édition scientifique avec plus de 2 500 journaux, qui publient environ 25 % de la production française. Le second est un consortium national qui rassemble depuis vingt ans la plupart des universités, CHU, organismes de recherche, pour lesquels il négocie périodiquement les tarifs d’abonnement. Le projet d’accord, qui doit encore être transformé en protocole avant d’être signé, porte sur quatre ans (2019-2022) pour une facture, non communiquée, proche des 35 millions d’euros par an (sur la base des chiffres précédents), ce qui correspond environ au tiers des dépenses françaises d’accès aux journaux.
Même si Couperin souhaitait jusqu’à 25 % de baisse, cette diminution est historique. Tout comme un catalogue beaucoup plus complet de revues médicales. Mais c’est un second volet de l’accord qui fâche, notamment la Société française de physique, le groupe spécialisé de l’Alliance des sciences et technologies du numérique, aussi appelé Allistene (CNRS, Inria, CEA…), et le Comité pour l’accessibilité aux publications en sciences et humanités, qui appellent, par communiqué, peu ou prou à corriger ce contrat, voire à ne pas le signer.
Développement du libre accès
Ce second volet porte sur l’accès ouvert aux publications scientifiques, c’est-à-dire la mise à disposition gratuite des résultats de recherches largement financées sur fonds publics. Depuis une quinzaine d’années, de plus en plus d’éditeurs ou de chercheurs s’engagent par différents moyens vers cet open access (OA) : articles gratuits (avec frais de publication, voie dite « dorée ») ; dépôt sur des sites dits « archives » des versions préliminaires ou publiées après une certaine période (voie dite « verte ») ; soutien public pour des éditeurs « gratuits » (voie dite « diamant »)…
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