SpaceX ne pouvait choisir une meilleure date pour réussir le premier atterrissage de son lanceur Starship, sur sa base texane de Boca Chica, que le 5 mai. Les Etats-Unis célébraient, en effet, le soixantième anniversaire du premier Américain dans l’espace, Alan Shepard, qui avait réalisé un vol suborbital – qualifié de « saut de puce » – le 5 mai 1961.
Depuis décembre 2020, la société d’Elon Musk avait effectué quatre vols du Starship (qui est, en réalité, le deuxième étage d’une fusée surpuissante), mais tous s’étaient soldés par une explosion aux alentours de l’atterrissage, soit avant, soit pendant, soit juste après. Apparemment, les améliorations apportées à la nouvelle version du lanceur, tant dans l’avionique que dans la motorisation, ont été profitables.
Après être monté à une dizaine de kilomètres d’altitude et après avoir éteint un à un ses trois moteurs Raptor, le Starship-SN15 a basculé sur le ventre, puis est redescendu couché. A l’approche du sol, les moteurs se sont rallumés pour redresser la fusée qui s’est posée en douceur sur la zone d’atterrissage, bien verticale. Pendant quelques minutes, l’inquiétude a régné en raison d’un feu sous le lanceur qui rappelait le vol du SN10, le 3 mars. Celui-ci avait connu un atterrissage brutal et fini par exploser quelques minutes après, en raison d’un incendie du même genre. Rien de tel ne s’est passé pour le SN15.
Le début d’une longue aventure
Ce succès tombe à pic pour SpaceX qui savait ce vol scruté de près. D’une part, l’essai précédent – au cours duquel le SN11 avait explosé en vol juste avant l’atterrissage – avait propulsé des débris un peu partout et semblé inquiétant. D’autre part, SpaceX avait intérêt à montrer des progrès dans son projet étant donné que la NASA l’a, en avril, désignée pour construire l’engin qui posera sur la Lune les équipages de son programme Artemis. Cet atterrisseur, directement inspiré du Starship, devra ensuite remonter les astronautes en orbite lunaire où les attendra le vaisseau Orion qui sera chargé de l’aller-retour entre la Terre et la Lune.
Avec ce vol réussi de A à Z, la société d’Elon Musk poursuit sa fracassante marche en avant dans l’industrie spatiale. Les prochaines grandes étapes seront les essais du premier étage Super Heavy, un immense booster de 72 mètres de haut (contre 50 pour le Starship), et le premier vol orbital du Starship. Etant donné son architecture bien différente d’une classique capsule habitée, beaucoup d’interrogations demeurent, en effet, sur la capacité de ce vaisseau à réussir une rentrée dans l’atmosphère. L’aventure du Starship ne fait, en réalité, que commencer.