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CHRISTELLE ENAULT

Le catholicisme peut-il survivre au XXIe siècle ?

Par 
Publié le 29 août 2021 à 01h56, modifié le 29 août 2021 à 11h11

Temps de Lecture 8 min.

Depuis 2018, la succession de nouvelles révélations concernant les violences sexuelles sur des mineurs porte un coup rude à l’édifice déjà bien affaibli du catholicisme, en France comme dans toute l’aire occidentale. Commissions d’enquête, livres, documentaires nourrissent la thèse du caractère systémique de cette réalité si longtemps cachée.

Cette accusation qui fait de l’Eglise une matrice pour ces crimes se greffe sur le diagnostic maintenant bien établi d’un déclin qui se manifeste, depuis les années 1960, par la chute de la pratique, des baptêmes, des vocations, et finalement d’une désaffiliation religieuse qui touche près de la moitié de la population. Le catholicisme est-il chez nous en voie d’extinction ?

« Depuis le début du XIXe siècle, il y a des annonces de mort imminente, tempère l’historien Guillaume Cuchet, qui a décrit cet affaissement dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018). Je ne crois pas du tout à la thèse d’une crise terminale. Mais il y a quand même un mouvement. Il n’est pas linéaire dans le temps, pas homogène dans l’espace et dans la société, mais c’est une tendance lourde de longue durée. Et ce décrochage spectaculaire s’est amplifié dans les années 2000, franchissant une nouvelle étape. Il y a encore un monde catholique actif. Mais le déclin touche fortement les deuxième et troisième cercles. »

Conflictualité intra-ecclésiale

Auteur, avec Jean-Paul Willaime, d’une somme intitulée La Religion dans la France contemporaine (Armand Colin, 2021, 320 pages, 29 euros), l’historien et sociologue Philippe Portier attire l’attention sur le risque de distorsion : « Nous raisonnons à partir de l’image que le catholicisme se donne de lui-même au XIXe siècle, lorsque la réforme tridentine [issue du concile de Trente, clos en 1563] est enfin parvenue à discipliner la population, avec un catholicisme rassemblé autour de sa hiérarchie. Son histoire est bien plus problématique qu’on veut bien le dire. On la résume souvent comme un parcours linéaire, alors que celui-ci a été heurté, difficile. D’ailleurs, le catholicisme a vécu dans l’idée que depuis la Renaissance, plus rien ne va. »

Le débat fait rage chez les catholiques pour savoir à quoi attribuer le déclin des dernières décennies. « Deux récits s’affrontent, résume le sociologue Yann Raison du Cleuziou. Pour les uns, il résulte d’un appariement incomplet et raté avec la modernité. A partir de l’encyclique Humanae vitae [texte de Paul VI qui, en 1968, prend position contre la contraception], l’Eglise aurait décroché de l’horizon de l’émancipation et, de ce fait, perdu sa pertinence sociale. Pour les autres, l’Eglise décline parce qu’elle a perdu sa substance surnaturelle en raison de sa sécularisation interne. On aurait fait fausse route à l’époque du concile Vatican II. Ces deux interprétations activent une forte conflictualité intra-ecclésiale. La fin est une peur et on se renvoie la responsabilité, chacun se prévaut d’une mémoire : les uns de la nostalgie d’une articulation entre espérance sociale et religieuse, les autres de la nostalgie d’une religion populaire perdue. »

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